Fêtez l’automne à Guernesey
« Je vis dans une solitude splendide, comme perché à la pointe d’un rocher, ayant toutes les vastes écumes des vagues et toutes les grandes nuées du ciel sous ma fenêtre; j’habite dans cet immense rêve de l’océan, je deviens peu à peu un somnambule de la mer ».
C’est à Guernesey, dans un belvédère vitré, posé sur le toit, entre ciel et terre, que Victor Hugo écrit ces lignes. Il travaille toujours debout, dans un calme absolu, devant la vue du port et de la mer.
A ses pieds, s’épanouit le jardin qu’il a lui-même conçu, avec son bassin, ses arbres, ses fleurs et son potager. Refait à l’identique après de longues recherches, il a été inauguré le 29 juin 2002.
En 2018, c’est au tour de sa maison d’être réhabilitée. Du coup elle est fermée à la visite, ce qui n’empêche pas Guernesey de rester un lieu de pèlerinage littéraire. Le poète y a vécu quinze ans en exil, de 1855 à 1870.
Grâce aux droits d’auteur des Contemplations, il acquiert en 1856 Hauteville House, campée sur les hauteurs de Saint Peter Port, une ancienne maison de corsaire que l’on disait hantée. Mais c’est toute l’île qui reste hantée par son meilleur ambassadeur. Impossible de l’oublier sur ce tapis vert frangé d’écume à 32 km du Cotentin.
Un bonheur pour les randonneurs qui sillonnent ses 45km de sentiers côtiers et ses « ruettes », ces routes sinueuses qui rappellent l’Irlande.
Guernesey appartient aux îles anglo normandes comme Jersey, Aurigny, Sarcq, Herm et comme son semis de six îlots, appartient à la couronne britannique depuis… 1204.
Victor Hugo trouvait son île « sévère et douce », aussi sensible au « souffle de l’océan » qu’au « souffle des fleurs ». Sévère, elle l’est par les falaises abruptes et les rochers labourés par les tempêtes qui défendent la côte sud, où les sentiers côtiers, surplombent la mer de quelque 100 mètres de hauteur.
Là, Guernesey palpite avec la force des vagues qui s’écrasent sur sa plage. C’est un vaisseau de granit qui s’endort dans ses flots. Sévère aussi, le Castle Cornet qui sert de brise lame et protège l’entrée de Saint Peter Port.
Ce fort construit au XIIIe siècle sur un caillou abrite musées et jardins fleuris. Même dans le cadre austère de ce bastion militaire, l’île rappelle qu’elle sait être douce… comme une paix bruissante d’oiseaux qui font chanter les falaises, comme un parfum de lys et de mimosas, ou une lumière sans cesse renouvelée par le cycle des marées.
Guernesey se savoure ainsi dans ses rythmes paisibles et ses couchants étonnants, son souffle insulaire, et la rumeur du clapotis.
La côte nord est bordée de 27 plages de sable blanc qui épousent la courbe d’anses secrètes. L’intérieur de l’île ondoie sous ses bois, ses prairies et ses jardins.
Jardins publics comme Candie Gardens, d’où l’on a une vue magistrale sur le port et la mer. Jardins privés comme le Pré du Jerbourg dominant la falaise, ouvert certains jours à la visite. Jardins fantaisistes comme Saumarez Manor, où 200 sculptures trônent parmi les plantes exotiques.
On comprend qu’inspiré par ce « rocher d’hospitalité et de liberté », le militant des grandes causes, écrit plus que jamais en vers ou en prose. Il y rédige bien sûr « les Travailleurs de la Mer » mais aussi Les Misérables, « L’Homme qui rit », « Quatre-Vingt-Treize », et c’est encore là que le 14 juillet 1870, l’exilé plante le gland qui devait produire le chêne des États Unis d’Europe, toujours vivant aujourd’hui. Dans sa vision de l’Europe, il prédisait la mise en circulation d’une seule monnaie valable dans tous les Pays. Le visionnaire avait vu juste, aussi juste que ces mots pour définir cette terre d’accueil : « Le pays est beau, le peuple est bon, l’histoire est fière. Le côté sauvage est majestueux… j’aime les petits pays entourés de grands spectacles ».
Victor Hugo reste vraiment son meilleur émissaire, mais la fermeture d’Hauteville a ouvert la porte à d’autres souvenirs. On se souvient d’une autre ambassadrice, Mary Ann Shaffer, une américaine fascinée par les îles Anglo-normandes qui a raconté dans un Best seller « Le cercle littéraire des amateurs de patates », l’histoire de l’occupation allemande sur ce rocher.
On découvre, au très sympathique « German Occupation Museum » que durant cette période, l’île a roulé à droite et s’est vidée d’une grande partie de sa population, notamment des enfants, évacués avant l’arrivée des Allemands. Sur la côte on peut visiter les anciennes fortifications toujours bien présentes.
Le livre a été porté à l’écran. Aujourd’hui les adeptes de foulées à travers les hortensias, agapanthes, magnolias et autres camélias, rejoignent les admirateurs de Victor Hugo et de Juliet Haston, l’héroïne du film le « Cercle littéraire de Guernesey et des amateurs de patates », jouée par l’actrice Lily James révélée dans Downton Abbey.
PRATIQUE
ACCES
Par la mer:
Au départ de St Malo avec Condor Ferries (piétons+véhicules sous conditions)
Tél: 0 825 135 135 et www.condorferries.fr
Par les airs:
Au départ de Dinard avec aurigny.com
Tel : 02 99 46 18 46 et www.aurigny.com
Au départ de Jersey et Paris avec Blue Islands et Aurigny.com
Blue Islands : tél : +44 1481 727567 et www.blueislands.com
Se renseigner:
Office de tourisme de Guernesey
Internet: www.visitguernsey.com
Tel : +(00 44) 1481 723 552
@visitguernsey@guernseymovie#GuernseyMovie#LoveGuernsey
Se déplacer :
Island Taxis: 01481 700500
Trouver une guide française : Agnès Perry (VisitGuernsey Guide): 07781 443321
Que rapporter : du cidre local, du chutney, et d’autres spécialités locales savoureuses à la Rocquette Cider.
www.rocquettecider.com/
Où dormir dans un cadre enchanteur et avec une vue de rêve :
Hôtel Fermain Valley (4*) : 01481 235666
www.fermainvalley.com