De Madras à Cochin …UNE ÉVOCATION COLORÉE DE L’INDE DU SUD

Rebaptisées Chennai et Kochi ces deux villes sont les capitales des états du Tamil Nadu et du Kerala. La colonisation a vu s’y affronter plusieurs nations occidentales qui ont laissé des traces évidentes, mais sans arriver à gommer la forte personnalité de ce peuple en majorité hindouiste. L’Inde du sud est un tourbillon à plusieurs visages, reflet de la société de ce pays en pleine évolution. Depuis le Tamil Nadu, profondément hindouiste, parsemé de divinités et de temples, jusqu’à la nature, au thé et aux épices qui sont la marque du Kerala, voici une évocation et des scènes de vie glanées de Madras à Cochin…

Une histoire récente marquée par la colonisation anglaise

Depuis l’occupation humaine de la vallée de l’Indus, au nord, plusieurs millénaires avant JC jusqu’à l’arrivée des européens, de nombreux empires, royaumes et dynasties se sont succédés en Inde, certains ayant plus particulièrement colonisé le sud : Pallava, Chola, Tamouls, Nayaks…

En 1498, le portugais Vasco de Gamma débarque sur la côte de l’actuel Kerala, à l’origine dans un but commercial mais qui se transforme rapidement en conquête territoriale. Ne parvenant pas à s’implanter, les portugais cèdent le pas à l’Angleterre qui étend peu à peu sa domination avec la très puissante Compagnie des Indes Orientales. Une domination qui va profondément et durablement marquer le pays. Au XXe siècle, en particulier sous l’impulsion d’une personnalité hors du commun, Ghandi, l’Inde entame un long chemin vers l’indépendance qui ne sera obtenue qu’en 1947.

Sur ce long chemin que l’Inde a parcouru jusqu’à aujourd’hui, le sud a toujours tenu un rôle un peu à part, ce qui lui vaut d’avoir aujourd’hui une place légèrement différente dans la globalité du paysage indien, un côté probablement plus progressiste et plus ouvert que le reste du pays. Les sept états du sud se situent au dessus de la moyenne nationale en matière d’alphabétisation, d’espérance de vie et de revenu par habitant. De ce point de vue, le Kerala, qui bénéficie d’une notable fréquentation touristique est encore au dessus des autres. Mais il ne faut pas occulter pour autant les problèmes sociaux et environnementaux qui restent immenses, d’autant plus que les progrès économiques des états du sud sont accompagnés de conséquences négatives : pollutions tous genres, circulation urbaine catastrophique, extension des bidonvilles, jusqu’au taux de chômage, qui est important, même au Kerala.

La pauvreté n’est jamais loin

PONDICHÉRY et l’aventure discrète des français en Inde

Dans cette ville relativement tranquille au bord du golfe du Bengale, un étonnant parfum français flotte à l’évidence dans les rues, dont les plaques bleues à caractères blancs rappellent à s’y méprendre celles des rues parisiennes. Le fronton de la mairie s’orne des lettres « Hôtel de Ville » alors que sur le haut de la façade on peut lire ”Municipalité de Pondichery”. Restée sous domination française jusqu’en 1956, presque 10 ans après l’indépendance, cet ancien comptoir français vibre à l’évocation d’une France peut être un peu idéalisée. L’installation dans les années 1970 de nombre d’artistes français a ancré une image forte et attiré d’autres artistes indiens ou d’autres nationalités.

L’histoire de la France en Inde a été brève mais intense : elle débute en 1673 avec l’achat par la Compagnie Française des Indes Orientales, d’un petit village de la côte Est, assez mal situé en zone marécageuse. Mais cet achat au départ contesté va devenir une excellente base de commerce et le comptoir français de Pondichéry va se développer. À la chute de l’empire Mongol, Britanniques et Français vont se disputer le commerce par l’intermédiaire de leurs ”Compagnie des Indes” respectives. Pondichéry va connaître un essor aussi remarquable qu’éphémère, mais le comptoir français sera finalement victime de la rivalité avec les britanniques. Au milieu du XVIIIe l’influence commerciale de Pondichéry est dangereusement proche de celle des anglais, et  la rivalité commerciale prend rapidement une allure de lutte politique et militaire. En 1761 Pondichéry est prise et en partie détruite par les anglais puis rendue deux ans après aux français dans un triste état. Le comptoir ne s’en relèvera jamais, ne restant dès lors qu’une simple escale sur la route de l’Indochine.

L’hindouisme en quelques mots

Peuple profondément empreint de spiritualité, les Indiens pratiquent plusieurs religions dont la principale ( 80 % ) est l’hindouisme, apparu plus de 1000 ans avant Jésus-Christ. Pour les hindous la vie est est une suite de réincarnations, la qualité de chacune dépendant du karma, conduite tenue lors des vies précédentes.

Traditionnellement, la société hindoue s’organise en quatre castes qui sont très hiérarchisées et encore relativement cloisonnées : les prêtres ou érudits ( brahmanes ), les guerriers et les administrateurs, les marchands et enfin, les serviteurs. Tout au bas de l’échelle sociale, sous les castes se trouvent les intouchables ou dalits, chargés des tâches les plus ingrates. Selon l’image traditionnelle, chaque hindou naît pour la vie dans une caste mais une bonne conduite peut lui permettre de se réincarner dans une caste supérieure. L’inverse conduit à une réincarnation dans une caste inférieure ou un animal, ce qui explique en partie le respect des hindous pour les animaux. 

L’hindouisme repose sur des textes sacrés, les « Vedas » qui ont été révélés aux hommes par les dieux. Un autre ensemble de textes a toutefois été écrit par les humains. L’hindouisme n’a ni fondateur ni autorité centrale et n’est pas une religion prosélyte. Les nombreuses divinités hindoues sont les manifestations du Brahmane, principe invisible qui sous-tend la spiritualité. L’hindouisme comprend pas moins de 330 millions de divinités mais trois d’entre elles, aux multiples représentations, occupent une place privilégiée : Brahma le fondateur, Vishnu  le protecteur et Shiva le destructeur. D’autres divinités sont également très présentes, y compris dans la vie quotidienne en Inde, telles que Ganesh, dieu de la chance à tête d’éléphant, ou Krishna, incarnation de Vishnu, qui défend le bien contre le mal.

Au royaume du Thé dans les montagnes du Kérala :

Arbuste d’altitude, le thé s’épanouit entre 1200 et 1800 m d’altitude; les montagnes du Kérala, au climat tempéré et suffisamment arrosé offrent un environnement particulièrement propice à son développement. Classés par l’Unesco, les « Ghats occidentaux » sont émaillés de panoramas impressionnants, sur des lacs bordés de plantations de thé et des montagnes striées de routes en lacets. Tous les quinze jours, il revient aux femmes en sari coloré et pour la plupart tamoules, de ramasser les jeunes pousses. La récolte du thé, qui couvre environ 70 000 hectares, alimente les usines de séchages et de conditionnement que l’on trouve régulièrement dans les villages.

Sur la route de Kochi à Maduraï, la petite ville de Munnar permet aux indiens de goûter la fraîcheur des montagnes, qui tranche avec la chaleur et l’humidité de la plaine côtière. C’est un lieu de villégiature prisé par les habitants aisés du Kérala qui permet d’entretenir un tourisme plus national qu’international, une ambiance bienveillante au milieu de ce mélange qui fait l’Inde : odeurs, pollution, couleurs, bruit, pauvreté et sourires.

Quand les pirogues et les House-boats glissent ensemble sur l’eau :

Un réseau complexe de 900 km de rivières et de canaux qui couvre toute une région, depuis le littoral de la mer d’Oman vers l’intérieur : ce sont les « Backwaters » du Kérala.

Dans une végétation luxuriante, faite de palmiers, cocotiers, bananiers et une foule de plantes d’eau, vit une population qui s’est partiellement orientée vers le tourisme. Toutes sortes d’embarcations sillonnent ces voies de communication, depuis la toute petite pirogue manœuvrée à la perche par un habitant local, jusqu’à l’imposant « house-boat » de tourisme capable d’accueillir une bonne dizaine de personnes en chambres individuelles. Certains canaux sont parfois très encombrés et lorsque le tourisme télescope la vie locale dans un joyeux foutoir, on prend concrètement conscience des évolutions en cours au sud de l’Inde.

L’exploitation du cocotier pour sa fibre (le coïr) et pour le coprah (pulpe de coco séchée), la culture du cajou pour la noix, sont les ressources dont vivent traditionnellement les habitants des « Back-Waters ». La pêche au carrelet, ce filet souvent immense manœuvré au bout d’une longue perche, apporte les ressources des rivières, qui ne sont d’ailleurs jamais très profonde. Certains villages ne sont accessibles qu’en bateau, mais c’est là, en regardant construire une pirogue en bois ou un bateau en fibres de coco, ou encore une femme qui cuisine en bord de canal, que l’on retrouve l’âme de cet étonnant pays.

Infos pratiques

S’y rendre

Vols : Quatre aéroports internationaux donnent accès à l’Inde du Sud : Bengaluru (Bangalore), Chennai (Madras), Kochi (Cochin) et Mumbai (Bombay). La compagnie nationale, Air India est fiable et propose des vols à partir de Paris, vers différentes villes d’Inde du Sud via Delhi. Au départ de Paris, Air France propose des vols vers plusieurs aéroports internationaux d’Inde du Sud. Voie maritime : La voie maritime n’est que peu envisageable car les bateaux transportant

des passagers ne sortent pas des eaux territoriales.

Voiture : L’entrée en Inde avec un véhicule demande une certaine préparation car en plus du permis de conduire français et les papiers du véhicule, il faut présenter une assurance responsabilité civile, un permis de conduire international et aussi un carnet de passage en douane permettant de faire entrer un véhicule sans avoir à payer les taxes.

Formalités :

Visa : Ne pas oublier d’obtenir un visa tourisme à présenter à l’arrivée en Inde.

Images liées:

Christine Jonemann

Directrice de Rédaction de prestiges.international. Elle aime la lecture, l'écriture, les voyages, le partage et les rires entre amis, sa famille et son chat. A publié des livres pour enfants. Est membre de la Société des Gens de Lettres. Membre de l'AJT

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