Paris, lieu de convergence de toutes les musiques du monde avec AMINA ANNABI
Cette orientale désorientée est une femme debout qui garde la tête dans les étoiles. Chanteuse, comédienne, musicienne, danseuse, adepte du yoga… Amina porte en elle le goût des autres. Elle partage aujourd’hui en musique ses sables (é)mouvants avec « The Light Side of The Moon » et « Matrimama ».
Auteur Didier Galibert Photo de présentation : Amina ©Jose Manzanares

De l’ombre à la lumière
S’il est des dates qui comptent dans une vie, pour Amina, le 4 mai 1991 reste inscrit à tout jamais au fond de sa mémoire. C’est ce soir-là qu’elle eut l’honneur de représenter la France à Rome lors du 36e Concours Eurovision de la Chanson. Son premier album « Yalil » venait de sortir deux ans plus tôt et elle avait eu le temps de roder les 11 titres qu’il contenait au cours de ses différentes tournées au Japon. Parmi eux, son choix s’est porté sur la chanson « Le dernier qui a parlé » car c’était une véritable ode à la tolérance qui correspondait tout à fait pour ce genre de concours. Amina se classa première ex-aequo avec « Le dernier qui a parlé », ce qui lui permit de sortir de l’ombre à la lumière et de commencer une carrière internationale aussi bien dans la chanson qu’au cinéma.
La main parisienne
Le cinéma est entré dans la vie d’Amina en même temps que son premier album. Elle a tourné avec des réalisateurs aussi prestigieux que Bernardo Bertolucci pour « Un thé au Sahara », Claude Lelouch pour « La belle histoire » ainsi que Nicolas Klotz pour « La nuit sacrée » d’après le roman de Tahar Ben Jelloun. Amina eut l’honneur de participer également, avec Catherine Deneuve et Françoise Hardy, à l’album de Malcom McLaren « Paris » dans lequel elle interprétait la chanson « La main parisienne ». Cet album culte sorti en 1994 vient d’être réédité en vinyle 30 ans après.

Le Yoga du Son
Au fil des ans, le monde si particulier du spectacle n’arrivait plus à combler celle qui, jeune adolescente, avait été initiée au Hatha Yoga par sa mère. Les projecteurs ne suffisaient plus à illuminer sa vie. Elle décida de privilégier l’être plutôt que le paraître. Après avoir enchanté les mots et les notes, puis enflammé la toile, Amina entame alors des recherches sur le bien-être et la médiation qui vont l’amener vers une nouvelle voie : le yoga du son. Elle commence une formation auprès des thérapeutes énergéticiens Gilles et Chantal Guattari et chante en 1998 au darshan d’Amma en Inde. Devenue enseignante du yoga de son, Anima anime des ateliers pour découvrir sa mélodie intérieure, apprendre à respirer grâce à une succession de sons et de postures douces. Désormais, sur son site « La Voie du Lotus », Amina partage son savoir aussi bien en province qu’au delà des frontières.

Amina ©DR
Citoyenne du monde
Amina a vu le jour le 5 mars 1962 à Carthage près de Tunis, au sein d’une famille où les femmes jouaient de la musique par tradition mais pratiquaient le silence par obligation. Puis, elle suivra ensuite sa mère, une sublime femme blonde aux yeux bleus-verts qui ressemblait à Romy Schneider, vers l’âge de cinq ans en Algérie, avant de se retrouver en 1975 à Paris où elle va s’orienter vers une carrière artistique. Pour Amina, Paris est le lieu de convergence de toutes les cultures. Puis, son long exil en Suède et ses nombreuses tournées internationales en feront une citoyenne du monde qui a choisi de se poser à Montreuil. Pour elle, Montreuil c’est un pays pas comme les autres où le vivre ensemble est présent depuis toujours car il se vit au quotidien. Son actualité fait qu’aujourd’hui elle brille sur tous les fronts. Elle est présente actuellement en compagnie de Sylvie Vartan, Fanny Ardant et Françoise Fabian sur l’album de Léonard Lasry « Que savons-nous de nous » où elle interprète en duo avec Léonard la chanson « Que va-t-on devenir ? ». Puis, elle vient de réaliser un album de 7 titres intitulé « The Light Side of The Moon » ainsi que « Matrimama » son tout dernier single à l’occasion des journées du Matrimoine.

Amina Annabi en 5 questions…
Pour PRESTIGE’S, Amina a bien voulu se prêter au jeu des 5 questions
. Parlez-nous de vos années « Palace » ?
A 16 ans, j’en paraissais 18 et je suis devenue très vite l’égérie de Fabrice Amaer, le propriétaire du Palace où je faisais la fête tous les soirs en m’éclairant à la lueur des autres. J’y croisais des personnalités des arts, de la politique, des écrivains qui se mêlaient à la clientèle hétéroclite de ce lieu : Grace Jones, Jack Lang, Pierre et Gilles, Amanda Lear, Yves Saint-Laurent, Andy Warhol… et bien-sûr Guy Cuevas, le célèbre DJ du Palace. Fabrice m’a toujours soutenue, je le considérais comme un père spirituel. C’est lui qui a produit en 1985 mon premier 45 tours « Shéhérazade ».
. Comment le cinéma est-il venu à vous ?
L’art ne connaît pas de frontières. Les sons appelant tout naturellement les images, la musique m’amena également au cinéma. Il y avait une partie de moi qui voulait devenir chanteuse inconsciemment pour réaliser le rêve de ma mère. Moi, je voulais être danseuse avant d’être chanteuse et faire du cinéma. Au fil de ma vie, je n’ai jamais cherché vraiment à jouer dans des films. C’est le cinéma qui est venu à moi.

. En quoi le yoga du son a-t-il changé votre vie ?
J’enseigne le Yoga du Son depuis plus de 30 ans. J’avais suivi des cours avec des professeurs de yoga qui nous enseignaient les Mantras, puis je me suis perfectionnée beaucoup plus en allant en Inde pour étudier le Yoga du Son avec différents Maîtres. Nous avons travaillé sur l’étude des Chakras. Dans chaque chakra, il y a la banque mémorielle de ce que nous avons vécu. Je suis partie à la quête de cette recherche : lire les mémoires du corps, savoir pourquoi certaines émotions nous bloquent, quelles sont les respirations et le son qui aident à évacuer nos énergies perturbatrices. J’explique que chaque chakra ressemble à une fleur dont certains pétales se seraient fermés ou abîmés sur leur parcours de vie. Il suffit de devenir les jardiniers de ces fleurs célestes pour accueillir notre féminité en douceur.
. Que représente « The Light Side of The Moon » ?
Je viens d’enregistrer cet été entre Stockholm et Paris un rêve musical « The Light Side of The Moon ». C’est un voyage spirituel de 7 titres pour exprimer et recréer les sons mélodiques de nos 7 chakras. Cet album a été concrétisé par Hervé Le Coz et je suis fière d’en être la réalisatrice. J’ai composé certains titres avec un musicien Suédois qui collabore avec le fameux artiste Jay Jay. Pourquoi la lune ? Parce que nous sommes reliés à la lune qui est le symbole du féminin, du subconscient et de l’inconscient à la fois. La lune représente aussi l’intuition féminine qui apporte de la douceur dans nos chakras et dans nos vies.

. Quels sont vos projets ?
Je viens de terminer le clip de mon tout dernier single intitulé « Matrimama ». C’est un hymne à la femme, l’amour et la bienveillance à travers les générations. Ce titre est un témoignage à ma mère, amie de Gisèle Halimi et de Miriam Makeba, qui ont contribuées à l’indépendance des femmes et à la sororité. « Matrimama » est un titre universel, porté par des valeurs de transmission, de mémoire et de reconnaissance : la puissance ancestrale des femmes qui chantent ensemble pour célébrer la vie. J’ai tenu à ce que sa sortie officielle soit le 10 septembre, la veille des journées du Matrimoine.

A écouter :
. Matrimama
Le tout dernier single dans lequel Amina nous livre un message universel en l’honneur des femmes et de la mère à travers l’humanité.
. The light Side of The Moon
Un album de 7 titres disponible sur toutes les plates formes music.apple.com
Label Blue Pearl Music distribué par Distrokid.
A voir
Amina en concert
Amina interprètera « Matrimama » le 17 septembre 2025 au Théâtre Berthelot, 6 rue Marcelin Berthelot, 93100 Montreuil. Tél. : 01 71 89 27 20.