WYNWOOD, ou la renaissance par l’ART

texte et photos : Rodica Iliescu

     Miami, ville palpitante et pleine de surprises, est riche d’une culture complexe et en permanente évolution. Pour bien la comprendre, Prestige ‘s vous invite à sortir un peu des clichés traditionnels et vous aventurer dans le plus insolite et vibrant de ses quartiers : The Wynwood Art District. Découvrez le parcours atypique de ce lieu que le miracle de l’art a fait passer de l’obscurité à la lumière, et qui vous accueille aujourd’hui avec ses murs étourdissants de couleurs, de magnifiques œuvres d’art à chaque coin de ses ruelles pleines d’énergies débordantes, au gré des galeries, boutiques, restaurants, musées, comme nulle part ailleurs…

     D’abord un peu d’histoire…

 Lorsqu’il y a plus d’un siècle, en 1917 Hugh Anderson et Josiah Chaille, riches propriétaires de Wynwood vendent quelques parcelles à une obscure compagnie d’avocats, ils sont loin d’imaginer ce que le destin réserve à leurs terres. Situées dans le domaine Pulaski, ces terrains agricoles étaient exempts de restrictions d’alcool, On y voit rapidement fleurir des saloons et une certaine atmosphère canaille – heureuse soupape pour une population laborieuse qui cultive la terre ou œuvre dans de nombreuses petites manufactures.

  Au début des années 50 les premiers immigrants portoricains débarquent, attirés par les verts près de Wynwood. L’aéroport de Miami n’est qu’à deux pas, c’est la première passerelle aérienne entre l’Amérique Latine et les États Unis. Les avions atterrissent pas loin des vaches, nullement impressionnées. Pendant quelques décades, la communauté portoricaine s’étoffe, Wynwood devient « El Barrio », on l’appelle « Little San Juan ».

  Les années 60 -70 voient arriver une nouvelle sorte d’immigration : Cubains fuyant le régime de Fidel Castro et autres rescapés douteux, qui prennent la place des pacifiques portoricains. Les manufactures se déplacent vers l’aéroport et laissent derrière des carcasses vides, des bâtiments délabrés qui servent de squats à ces nouveaux arrivants. Wynwood devient dangereux et glauque, on n’y vient que si on est armé. 

GRAFFERS AT WORK

      La redistribution des cartes…

   Nous sommes au début des années 80. Une soixantaine d’artistes de Coconut Groove, devenu inabordable, jette son dévolu sur ce quartier sordide. L’art a souvent frôlé l’illégalité, et ces artistes sont assez larges d’épaules pour faire face à la faune locale rongée par la basse criminalité. D’ailleurs le street art est illégal aussi, alors les artistes s’expriment la nuit, sur ces immenses murs et trottoirs crasseux qui petit à petit prennent des couleurs. De nouveaux codes s’installent. Les artistes se regroupent en associations et organisations; En 1985 les Primery Flights, avec l’aide de la ville de Miami, s’installent dans une ancienne boulangerie abandonnée qu’ils baptisent The Bakehouse Art Complex, Leur but : aider les artistes à créer dans bonnes conditions, encourager enfants défavorisés à se valoriser par l’art. Encore aujourd’hui, The Bakehouse Art Complex constitue le plus grand atelier de Floride, accueillant sur plus de 8000 mètres carrés des studios, résidences d’artistes, espaces de travail et mise en valeur de l’art émergeant sous toutes ses formes. 

     Art is all you need

 Les promoteurs immobiliers arrivent à Wynwood et achètent les locaux à tour de bras, souvent pour blanchir l’argent des cartels. Le groupe Primary Flights, qui compte maintenant plus de 120 artistes, négocie avec les nouveaux propriétaires : les artistes proposent de peindre leurs façades en y intégrant les noms de leurs compagnies. Lorsque le propriétaire change, le mur repeint en blanc est mis à la disposition d’un nouvel artiste.

  Wynwoodest en pleine mutation.et gentrification. Des artistes étrangers débarquent, débordant d’une nouvelle énergie et force de valorisation. En 2002 Art Basel arrive, et cela change radicalement le statut du quartier. Les espaces artistiques se multiplient à vue d’œil, la délinquance s’étiole, les murs s’embrasent. 

 Tout cela attire l’œil de Tony Goldman, puissant promoteur et mécène, qui décèle l’aura architecturale de Wynwood et son énorme potentiel. C’est lui qui a déjà rénové Soho, redonné vie au quartier Arts Déco, dépoussiéré South Beach avec son fils.  En 2004 il achète un premier immeuble à Wynwood. Son chiffre porte bonheur est le 18. Alors, par la suite, pendant 18 mois il achète par lots de 18 les bâtiments encore délabrés de Wynwood. Soucieux d’en préserver l’architecture, il offre tous ces grands murs sans fenêtres aux artistes, en guise de toiles vierges. 

  Le quartier reprend vie : grands hôtels, marques de luxe, musées, restaurants, parkings s’y installent. Un droit du sol et droit des murs s’instaure et est farouchement respecté. N’importe quel artiste ne peut pas y accéder. Des graffeurs connus, comme Jeremy Fish, Thomas Dambo, Golden 305 commencent à s’étaler sur les plus beaux murs de Wynwood. 

 Mais Tony Goldman voit plus grand. En 2009, pour piétonniser et rendre le quartier encore plus attractif, il installe en plein cœur du quartier les Winwood Walls, un espace dédié à l’art et à la détente, dans un immense parc clôturé rempli de fresques époustouflantes. Tony Goldman fait venir une centaine d’artistes de 21 pays pour donner vie aux murs. Wynwood Walls devient le plus grand musée de street art à ciel ouvert du monde, un pôle artistique urbain, hors des images stéréotypées de glamour/paillettes de Miami. Certains artistes non sélectionnés, comme Atomik, s’approprient les murs des immeubles extérieurs pour être visibles depuis Wynwood Walls. Des graffeurs locaux ainsi que des artistes de rue du monde entier y affluent. Les tags, et graffitis, avant considérés comme signe de dégradation, deviennent à Wynwood un levier de développement urbain. Chaque espace peut devenir l’écrin d’une œuvre d’art : des repris de justice, non admis à peindre sur les murs, peignent les troncs d’arbres et les réverbères pour marquer leur désir de réinsertion par l’art. 

 Tony Goldman décède en 2012, mais sa famille reprend le flambeau, Wynwood s’impose comme une destination incontournable pour les visiteurs de tous horizons, désireux de connaître et comprendre la culture si particulière de ce lieu. Le street art apporte une vitalité souvent absente des galeries d’art traditionnelles. Wynwood est un immense tableau vivant, une œuvre d’art en perpétuelle transformation. On peut sillonner Wynwood en voiturette ou à vélo pour admirer les fresques sans effort, mais malgré tout, il n’y a rien de plus excitant que la balade à pied. 

 À chaque coin de rue on est surpris et séduit. Se perdre dans les ruelles qui débordent de créativité, s’offrir une french pâtisserie chez Yann Couvreur, se restaurer au Panther Coffee… 

Des centaines de boutiques vintage, clubs, restaurants, avoisinent des galeries, comme la plus ancienne : la merveilleuse Rubel Family Collection, qui s’étale sur 4000 mètres carrés et offre aux amateurs, en plus des œuvres d’art, une bibliothèque de 40 000 volumes, jusqu’aux espaces émergeants, tels la très ambitieuse Galeria Azur, présente aussi à New York, en Amérique Latine et en Europe. Vadrouiller du Graffiti Museum jusqu’au Walt Grace Vintage store, un incroyable concept qui mélange les plus iconiques des voitures aux guitares de légende. Wynwood pulse, respire, se renouvelle à chaque instant. Les murs vibrent, se rhabillent, surtout à la veille de l’Art Basel Week, lorsque chaque jour de nouvelles explosions de talent et création transforment ce lieu unique. Devenu très sûr, Wynwood est de plus en plus fréquenté le soir ; bars,night- clubs, concerts et évènements divers offrent un large choix de divertissements. On en sort les yeux pleins d’étoiles, riches de nouvelles expériences et on se promet d’y revenir…

Photos : Rodica Iliescu, Miami off Road

Informations utiles :

Bon à savoir : Miami off Road organise des visites guidées en français dans le quartier, et dans Miami, dès $52/personne pour 2h en petit groupe

www.destinations-off-road.com/miami

contact@miamioffroad.com

+1 845-709-8334

Instagram : @destinations.off.road

Quelques idées pour se restaurer ou flâner dans des boutiques de cigares ou souvenirs :

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