1,2,3, Soleil à L’artsolite

Photo de présentation : Duo d’artistes Les Toki (Drôle d’exploration )

Soutenu par le Fonds de dotation pour l’Art et la Culture,  Martine et Christian MORIN ont créé en 2021, l’artsolite qui a ouvert ses portes en mai 2023, à Saint-Jean-en-Royans, au pied du Vercors. Ce centre d’art et d’exposition est un nid de verdure et de culture, voisin d’un parc d’aventure. Sa démarche entrepreneuriale artistique et écologique, lui vaut déjà trophées et label qualité.


Rencontre avec Mathieu Lourmas et Jean-Patrick Bouvard, cofondateurs de cet étonnant pôle culturel 100% privé qui cultive l’art et la gastronomie.

  • Pouvez-vous nous présenter L’artsolite et son projet culturel ? 

Notre direction artistique promeut l’accessibilité de l’art à un public large, essentiellement familial, parfois timide à pénétrer dans des lieux culturels. Aussi nos expositions proposent régulièrement des artistes figuratifs, pop, issus des champs de l’illustration ou du street-art, etc., sans s’interdire de proposer des artistes contemporains plus conceptuels ou abstraits. Beaucoup d’expositions intègrent une dimension interactive, créative ou manipulatoire, à destination notamment des jeunes publics, toujours en lien avec le propos développé. Enfin nous destinons une de nos trois salles d’exposition à la production et l’accueil de créations immersives en “art total”.  

Pour renforcer son accessibilité et soutenir son modèle de fonctionnement (entièrement privé), L' »artsolite a également développé un restaurant et un bar autour d’un Chef proposant une cuisine maison généreuse et gourmande, locale et de saison, ainsi qu’une Boutique proposant un panel riche et coloré d’articles, entre arts et décoration, livre et papeterie, etc. L”artsolite est un concept global ou art et culture se décline dans toutes ses activités. Nous voulons que chacun trouve plusieurs bonnes raisons de venir nous rendre visite ! 

Copyright Fabian Da Costa

  • L’originalité de cette nouvelle version d’un lieu culturel à la campagne, réside dans le choix des univers qui la structurent, avec une part importante réservée à la gastronomie. Comment ces univers se sont imposés, quelles sont leurs ambitions ? 

Le concept de L’’artsolite est né il y a plusieurs années maintenant, d’un rapprochement entre Martine et Christian Morin, qui venaient de racheter le site et souhaitaient en faire un lieu d’art et de culture, (et une équipe projet dont nous faisions partie) et qui souhaitaient développer un concept plus large. Christian et Martine, qui ne sont pas des collectionneurs, apportaient un regard curieux et sincère sur les arts, dans toute leur diversité, avec une pratique des visites de musées et d’exposition, et l’envie d’offrir à leur territoire, rural et de moyenne montagne, qui peut donner l’impression d’être enclavé, cet accès supplémentaire à la culture. Leur goût allait déjà pour les arts figuratifs au sens large, mais s’étendait à l’art moderne et contemporain ou singulier. De notre côté nous avions l’ambition d’un lieu incluant une forte dimension artistique, adossé à un espace à vivre, familial, ludique, qui inclurait un restaurant, un bar, une boutique et une programmation culturelle tout au long de l’année, des dimensions qui nous semblaient importantes pour justifier le voyage jusqu’à nous. Nous avions également une identité marquée par les cultures dites “pop” et tout ce qu’elles drainent d’univers très identifiés et d’iconographie. Nos visions se sont rencontrées sans s’opposer et nous avons choisi de nous situer comme un lieu au croisement de ces identités, qui assument pouvoir être un peu tout cela à la fois. 
 

Pop Art Duo d’artistes Les Toki / (Drôle d’exploration ) /Photo Martine Guilcher

  • Votre Centre d’art contemporain propose en permanence 3 expositions aux visiteurs, comment avez-vous imaginé la dynamique de visite ?  

Dès le départ la grande salle était prévue pour accueillir des expositions thématiques, s’étalant sur presque l’année entière, et volontairement très scénographiée. Nous souhaitions proposer à nos visiteurs une découverte, avec une forme, chaque fois que nous le pouvions, décalée, par l’originalité des artistes présentés bien sûr, mais aussi par nos scénographies que nous essayons de soigner tout particulièrement. C’est un réel défi que d’amener des visiteurs en nombre à Saint Jean en Royans, aussi il nous fallait des propositions fortes, originales. 

Cette salle étant sur billetterie, nous n’avons pas oublié notre objectif d’accessibilité au plus grand nombre et nous avons voulu offrir la possibilité de découvrir en accès libre des artistes, connus ou moins connus. C’est ce qui nous a amené à proposer les deux salles dans l’autre bâtiment du site, l’une où l’accrochage est généralement plus classique, et une salle où nous privilégions les expositions immersives, ce qui apporte une touche d’originalité supplémentaire à nos propositions. Chaque salle accueille deux expositions monographiques par an, avec une saison printemps / été et une  automne / hiver. 

Le Son de la neige Alain Fraboni

Les visiteurs sont donc invités à découvrir les 3 expos (parfois plus), dans l’ordre qui leur convient, sans obligation de tout faire. 

  • Vous avez la volonté d’aller au-devant du public, un peu comme un musée itinérant, quelle place accordez-vous à la pédagogie ? 

Dès le départ nous avons imaginé des expositions qui auraient une dimension ludique et étonnante, à même de dynamiser une visite. Pour nous cela vient d’abord du choix des artistes, avec une attention importante portée à la qualité de la production (que ce soit dans la technique ou l’originalité de leur axe créatif). Ensuite vient la scénographie, qui doit être à la fois au service des artistes et de leurs œuvres, et aussi du visiteur en lui proposant un parcours de visite surprenant, dynamique. Enfin nous essayons au maximum de proposer des manipulations ou des jeux qui servent à enrichir la compréhension des œuvres présentées, ou à s’essayer à devenir un petit peu artiste soi-même ! C’est pour ça que nos médiatrices passent beaucoup de temps de préparation en amont de nos expositions, pour imaginer des supports accessibles, des jeux, des manipulations, etc. Nous accueillons de plus en plus de public scolaire. Plus largement nous accueillons des groupes de la crèche au formations adultes en passant par tous les niveaux de la maternelle au primaire, collège et lycée… La facilité d’accès, la dimension ludique, étonnante des expositions, facilite le fait d’aller au contact de l’œuvre et n’empêche en rien de creuser sa signification ou la démarche de l’artiste.  

Expositions ludiques Duo d’artistes Les Toki / (Drôle d’exploration ) /Photo Martine Guilcher

  • Quelles sont les initiatives pour rendre L’artsolite accessible au grand public ? 

Dans le cadre des expositions, en plus de la pédagogie mise en œuvre, nous sélectionnons des artistes qui souvent parlent d’abord à nos cœurs et nos ventres, qui provoquent des émotions. Ce qui n’exclut pas chez eux tout travail de réflexion et de conceptualisation, parfois très pointu. C’est ce que nous essayons ensuite de transcrire dans les supports que nous proposons dans nos expositions, ou au travers d’ateliers d’initiation proposées par nos médiatrices. 

Mais c’est aussi la diversité des propositions du lieu qui fait sa force : on peut venir voir une exposition bien sûr, on peut aussi y aller pour manger, ou boire un verre, on peut venir chercher un cadeau pour un anniversaire, ou simplement flâner dans le jardin. C’est un lieu où on peut rentrer facilement, simplement, sans obligation de s’acquitter d’un billet, une démarche qui peut venir secondairement, après un bon repas par exemple.  

Et puis notre programmation, de concerts en scène découvert, d’ateliers tous publics, ou de temps forts familiaux avec des animations comme à Pâques ou à Halloween, renforcent encore notre dimension accessible et familiale.  

  • Quelles ont été vos sources d’inspiration ?  

Nous avons visité bon nombre d’autres établissements qui nous ont servi de source d’inspiration pour conceptualiser L’’artsolite, en privilégiant ceux qui étaient dans des dimensions approchantes des nôtres. Nous pouvons citer bien sûr le Musée en Herbe avec qui nous avons collaboré en 2024 sur notre grande exposition “One, Two… Street Art !”, c’est vraiment un modèle de Musée ouvert aux plus jeunes et qui a beaucoup contribué à renouveler les codes des expositions et de la médiation. La Maison d’Ailleurs à Yverdon-les-Bains en Suisse est un des rares lieux qui s’appuie sur la culture pop pour construire ses expositions et propose des expositions souvent décalées et très construites. Le Naïa Museum en Bretagne et les Machines de l’île à Nantes nous ont aussi beaucoup inspiré, comme des expositions ponctuelles que nous avons eu la chance de visiter. Ou encore des fondations telles que La Villa Datris à Isles sur la Sorgues et L’espace Monte Cristo à Paris ou Salomon à Annecy… Les travaux de Serge Chaumier sur la nouvelle expographie aussi nous ont beaucoup éclairé…  
 

  • Avez-vous le désir de révéler de jeunes pousses ? Avez-vous des collaborations avec des artistes locaux ou régionaux ? 

Nous ne disposons pas de Fonds de collection, Martine et Christian n’étant pas des collectionneurs. Aussi nous construisons nos expositions sur la base de prêts consentis par les artistes ou leurs ayants-droits, et nous menons une politique de créations originales chaque fois que le contexte de l’exposition le permet … soit dans plus de la moitié des expositions produites à ce jour ! Cette création originale peut être le fait de jeunes talents bien sûr, mais nous pouvons aussi choisir de mettre en avant des artistes qui nous semblent mériter à être davantage reconnus. Ce qui se traduit par un travail régulier avec des artistes locaux ou régionaux comme avec des artistes venant d’autres territoires ou pays. Nous ne nous mettons pas de barrières, c’est surtout l’émotion communiquée par le travail d’un artiste qui va nous guider dans nos choix. 

A ce propos, la résidence d’artistes qui fait partie intégrante des lieux est pensée pour accueillir les artistes qui viennent contribuer à notre programmation, ou qui cherchent simplement un lieu étape dans leur parcours artistique…  

En 2024, nous avons également ouvert une exposition supplémentaire nommée “Murs ouverts” qui permet sous forme d’une exposition multiple de proposer à un nombre plus important d’artistes qui nous sollicitent régulièrement de pouvoir exposer une petite sélection de leurs œuvres.  

  • L’ artsolite est porté par une démarche écoresponsable, était-ce une évidence au départ en choisissant un ancien site industriel ?  

Vous ne la limitez pas aux seuls bâtiments vous l’appliquez aussi aux œuvres, c’est encore très rare; Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ? 

Le choix d’une démarche éco-responsable était une évidence à plus d’un titre, le défi environnemental est fort, et le défi économique l’est autant ! Un bâtiment qui consomme trop d’énergie ou en perd trop, ce n’est bon ni pour la planète à moyen terme, ni pour l’équilibre du projet à court terme. Bien sûr nous avons fait des arbitrages, mais la conservation des murs d’origine et leur renfort, leur doublage en fibre de bois, ou le déploiement de nos propres sources d’énergie avec l’installation de panneaux photovoltaïques et la réhabilitation de l’ancienne turbine hydroélectrique du site, plusieurs choix sont allés dans ce sens. 

Et dans nos salles d’exposition, nous avons fait réaliser par un artisan menuisier local des cimaises mobiles, une sorte de jeu de construction géant composés de cloisons d’un mètre de large et de châssis divers qui nous permettent de construire des cloisons d’accrochage (appelée “cimaise” dans le jargon de l’expographie) de différentes hauteurs et largeurs, à la demande. A l’issue de chaque exposition, elles sont restaurées, repeintes et repositionnées en fonction des besoins de la suivante, c’est un gain important de temps et d’argent car nous n’avons pratiquement pas à construire de cloisons à détruire et jeter en fin d’exposition ! 


 

  • Quelle est la programmation prévue pour L’artsolite ? 

Nous continuons Prism de Yann Nguema, notre grande exposition annuelle, jusque fin décembre, et l’année prochaine nous explorerons les nouvelles formes de « japonisme », avec une grande exposition consacrée aux artistes dont le travail a le Japon pour source d’inspiration. 

Cet automne les peintures de montagne d’Alain Fraboni céderont leur place à l’auteur Yan Vita et son projet “Les sentinelles de l’aurore”, bande-dessinée consacrée à la résistance dans le Royans-Vercors transposé dans un univers médiéval fantastique, qui nous proposera de très beaux dessins originaux au crayon, ses planches originales et sources d’inspiration. Les personnages gélule des Toki dans leur grotte tropicale nous quitteront également et il faudra un peu de patience avant la finalisation d’une nouvelle installation immersive qui sera proposée par l’auteur et illustrateur Nicolas Badout. Avec son style très particulier, il va nous proposer une balade à … Twin Peaks en Royans ! 

Et en parallèle ce sont bien sûr nos scènes découvertes « Shaker ! » les troisième jeudi de chaque mois, des ateliers tout au long de l’année, et des temps forts comme Pâques, les Rendez-vous-aux-Jardins, les Journées Européennes du Patrimoine, Halloween, Noël, … 


 

  • Quel message souhaitez-vous que les visiteurs conservent de L’artsolite? 

On pourrait reprendre les quelques lignes qu’un visiteur nous a laissé en commentaire après une visite cet été : « Encore de magnifiques expos dans ce lieu si paisible et accueillant. (…) Allez vivre l’expérience, autant pour les grands que pour les petits, les enfants et ados qui adorent. (…) Merci d’ouvrir de nouveaux horizons culturels…» 

Se Renseigner

https://lartsolite.com/

Adresse : 105 IMP. DES TISSERANDS
26190 SAINT-JEAN-EN-ROYANS

Images liées:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Vous êtes déjà des milliers à nous lire. Rejoignez nous sur nos nouvelles pages et aimez-nous !