Arles : clic, clac
Alors que la 49ème édition des Rencontres de la photographie d’Arles, a démarré le 2 juillet avec pour ambition de faire rayonner Mai 68 jusqu’au 23 septembre, le musée Réattu et la Fondation Van Gogh jouent leur propre partition. Ce qui vous fait au moins 3 bonnes raisons de séjourner dans la cité Arlésienne.
Arles fait mentir Debuffet : « L’Art ne vient pas dormir dans les lits qu’on a faits pour lui ». L’art est ici chez lui. L’Arlésienne abrite 2 000 monuments classés, dont sept par l’Unesco ! Parmi eux, le théâtre antique et l’amphithéâtre. Ses arènes n’ont rien à envier à celles du Colisée, ici se jouent encore en été des spectacles de gladiateurs quand ce ne sont pas des corridas très prisées des Camarguais.
Bref, cette petite cité provençale est autant un musée à ciel ouvert qu’une ville photogénique qui respire, au fil de ses placettes, l’art de vivre, de manger et de respirer.
Arles, ville romaine est aussi archi contemporaine, comme en témoigne l’immeuble iconique signé Franck Ghery qui inaugurera en 2019, la fondation Luma. La ville natale de Christian Lacroix est, en outre devenue depuis cinquante ans, grâce aux Rencontres d’Arles, la capitale de la photo. Mais la petite cité ne se contente pas de ce festival annuel et estival pour promouvoir la création contemporaine, elle l’affiche aussi dans les murs de l’ex Grand Prieuré de l’ordre de Malte qui fête ses 150 ans cette année. Invitée d’honneur du musée Réattu qui lui consacre sa première rétrospective, la photographe, plasticienne Véronique Ellena cultive, quant à elle, l’art de la simplicité et sa singularité.
On découvre la vision globale de son travail à travers une trentaine de clichés qui couvrent une trentaine d’années. Véronique Ellena aime les séries grâce auxquelles elle approfondit ses sujets, elle affectionne aussi les lieux périphériques, les présences fragmentées, les atmosphères fascinantes et les suggestions insolites. Le musée Réattu expose ses 1ere oeuvres comme les toutes dernières inspirées, parfois, du lieu.
Le parcours n’est pas chronologique mais constitue une petite musique s’ attachant à donner les clés d’une oeuvre qui cherche à sortir l’ordinaire de ses ornières.En résidence à la Villa Médicis, la photographe a travaillé sur le personnel du lieu. L’artiste privilégie toujours les petites mains à l’œuvre, les présences silencieuses mais sa démarche n’est pas sociologique, elle reste esthétique. Que ce soit dans ses portraits, paysages ou natures mortes, elle met en scène ses sujets puisés dans la simplicité dont elle extrait la beauté. Le quotidien magnifié reste le fil conducteur de cette exposition. Pour sa série « les invisibles » elle a développé une approche très sensible et digne loin des clichés misérabilistes et croustillants sur les SDF. Autre coup cœur : sa série sur le Havre qu’elle a travaillé comme un fabuleux décor de théâtre. Véronique Ellena pose, comme peint aux crayons de couleurs, son théâtre intérieur. Elle a su conserver un esprit de famille. Résultat, on se sent comme invité dans un « sweet home » hors norme qui bouscule nos clichés.
Impossible de parler d’Arles sans évoquer Vincent Van Gogh. Le peintre s’installe en février 1888. Son séjour va durer 15 mois, durant lesquels il peindra entre 200 ou 300 tableaux selon qu’on inclut ou pas ses dessins. Un travail foisonnant dont il ne reste quasi rien si ce n’est le jaune du soleil Arlésien peint sur la façade de la place Lamartine, mais une chose est sûre, son talent éclate sous le soleil provençal. Avec l’exposition « Soleil chaud , soleil tardif », la Fondation Van Gogh ouverte il y a seulement quatre ans lui rend un bel hommage.
L’exposition « observe avec acuité les approches singulières de dix artistes majeurs, couvrant une période d’un siècle et demi, et pose sur ceux ci un regard renouvelé et audacieux. » Aussi audacieux que le peintre qui commence à dessiner à 27 ans et qui mourra à 37. En Arles, il peindra, la Maison jaune Ouverte « sous un soleil de soufre , sous un ciel bleu cobalt pur ». Aujourd’hui les touristes s’agglutinent devant la fameuse maison de la place Lamartine, occupée par un café. En Arles Paul Gauguin le rejoindra pour une cohabitation dramatique qui se soldera par l’oreille coupée. Paul ne reverra plus jamais Vincent qui continuera à peindre et à aller mal au point de se retrouver à l’hôpital. Il sera soigné par le docteur Rey qu’il va portraiturer, le tableau sera si peu apprécié que la mère du médecin l’utilisera pour boucher un trou de son poulailler. Aujourd’hui rescapé et restauré, ce portrait est accroché au musée Pouchkine de Moscou. Et Arles continue de baigner dans sa lumière dorée.
INFORMATIONS PRATIQUES
Musée des beaux-arts
Ancien Grand Prieuré de l’Ordre de Malte
10 rue du Grand Prieuré
13200 Arles
www.museereattu.arles.fr
www.facebook.com/musee.reattu
Fondation Vincent van Gogh Arles « Soelil chaud, soleil tardif » jusqu’au 28 octobre 2018
www.fondation-vincentvangogh-arles.org
Où dormir :
Hôtel Amphithéatre : Un ex hotel particulier du XVIIème siècle, converti en un étonnant 2 étoiles joliment restauré, central et au calme ; une des bonnes surprises d’Arles. (à partir de 80 euros)
A savoir :
Arles abrite l’un des plus grands marchés provençaux le samedi matin sur les Boulevard des Lices et Clémenceau.
Se renseigner :
A Lire
Les City guide Louis Vuitton viennent de sortir leur 1ere édition sur Arles en hommage à son festival de renommée internationale et à la cité camarguaise. Diffusé dans les librairies en édition limitée(15 euros), ce guide très documenté sera disponible gracieusement sur l’App Store en version digitale le temps des Rencontres, soit jusqu’au 23 septembre.