Matisse et l’esprit de Tanger
Texte et photos Laure Ginesty
Tanger, situé sur une pointe au Nord du Maroc, fait face à Gibraltar, au sud de l’Espagne, dans le détroit qui permet le passage de l’Océan atlantique à la Mer méditerranée. Dans l’antiquité ce détroit était appelé les colonnes d’Hercule. La lumière de Tanger a attiré plus d’un peintre dont Matisse, célèbre peintre du XXéme siècle et chef de fil du fauvisme, qui se trouve alors en 1912 à la croisée des chemins, et cherche à faire évoluer sa peinture. Tanger sera pour ce peintre en recherche, une véritable mine de découvertes.
Une ville sous un statut particulier.
Suscitant de nombreuses convoitises dès le XIX° siècle, des Etats européens désireux d’étendre leurs empires coloniaux, Tanger est devenu une zone internationale en 1923. Les Etats européens y sont très présents : les échanges sont affranchis de droits de douane.
La Beat génération.
Après la seconde guerre mondiale, la ville va attirer de nombreux artistes, personnalités et mécènes qui apprécient l’air de liberté qui y règne, de nombreuses fêtes y sont données. Ce sera la beat génération.
Lumière et couleur
Pour Henri Matisse, né en 1869 au Cateau-Cambrésis, dans le Nord de la France, là où la lumière et le soleil sont rares, la couleur ne peut exister qu’avec la lumière.
Au gré de ses nombreux voyages, Matisse recherchera les couleurs et la lumière qui marqueront fortement son œuvre. Il séjournera successivement en Corse, dans les Pyrénées, en Andalousie, au Maroc, en Algérie et même en Polynésie pour finir des jours sur la Côte d’azur.
La fenêtre
Le thème de la fenêtre est central dans son œuvre, c’est l’ouverture vers l’extérieur et la lumière. Ce thème revient souvent dans son œuvre, on le retrouve dans de nombreux tableaux acquis par des collectionneurs qui se trouvent dans les musées à l’étranger, aux Etats-Unis et en Russie.
A Tanger et au Maroc où Matisse séjourne en 1912 et 1913 à l’Hôtel de France, il a peint ce tableau, « Vue sur le Port de Tanger ».
Dans cet hôtel, rien n’a changé dans la chambre simple qu’il a occupée avec son épouse. La fenêtre est restée ouverte mais la vue n’est plus la même, les voitures et véhicules variés occupent maintenant la place située devant l’hôtel, les infrastructures du port plus récentes, des bâtiments et des mosquées ont été construits. Heureusement les palmiers et la végétation luxuriantes demeurent.
Dans l’escalier qui mène aux chambres de l’hôtel, les rampes rappellent une autre partie de l’œuvre de Matisse : à la fin de sa vie, ne pouvant plus peindre, il s’exprime par des collages, des papiers inspirés des patchworks appliqués (les tifaifai) qu’il a admiré lors de son séjour en Polynésie. Ces collages de couleurs seront aussi repris dans les vitraux de la chapelle du Rosaire à Vence.
La carte du bar de l’hôtel reprend la photo du tableau de « la vue du port de Tanger » et le portrait d’un serviteur.
Décédé en 1954, Henri Matisse choisira la lumière et le soleil pour sa dernière demeure : il est enterré sur les hauteurs de Nice à Cimiez où il résida de 1917 à sa mort.
Laure Ginesty