Mirecourt : la musique pour vocation
Photo de présentation : Atelier-Y-A-Gachet OT Mirecourt
Héritière d’une tradition multiséculaire, la petite cité vosgienne doit sa réputation planétaire à son excellence dans l’art de la lutherie et de l’archèterie française. Mirecourt fait chanter les instruments à cordes.

Ne vous fiez pas à ses airs de petite cité sage comme une image, Mirecourt n’est pas Epinal, située à une trentaine de km. Voilà cinq générations qu’elle fait vibrer les musiciens du monde entier. A l’ombre de Vittel et de Contrexéville, ses célèbres voisines, Mirecourt séduit les plus grands solistes de la planète. Pourquoi et comment, c’est ce que nous allons vous raconter.
Un écrin pour sublimer la sonorité
Qu’on se le dise, la lutherie est à l’artisanat ce que la haute couture est au prêt à porter. Fleuron des métiers d’art, son dialogue avec l’harmonie, loin d’être limité à la fabrication des instruments à cordes, donne naissance à des expériences uniques, où chaque détail, du choix des matériaux à leur agencement, devient un écrin pour sublimer la sonorité. Chaque instrument est unique. Orfèvre et magicien du bois, le luthier donne à chaque pièce son timbre que le musicien va s’employer à déployer dans toutes ses nuances. Ici, se perpétue donc, depuis des siècles, cette passion pour les instruments à cordes. D’où un savoir-faire d’exception dont la notoriété internationale (musicale) n’a d’égale que sa méconnaissance chez le grand public.

Le luthier, un aristocrate des artisans
On dit sa renommée liée à la migration d’artisans italiens et allemands dans la région, ce qui a contribué à l’essor d’une industrie locale prospère. Un luthier des ducs de Lorraine, formé en Italie, aurait transmis son art aux habitants. Le premier contrat d’apprentissage remonterait à 1602 ! Une chose est sûre : Les instruments et leurs accessoires fabriqués à Mirecourt ont vite concurrencé avec ceux de la rivale italienne Crémone où exerça en 1650, le célèbre facteur de violons Stradivarius ( Antonio Stradivari de son vrai nom). Et comme, un bon instrument n’est rien sans un bon archet, les archetiers vosgiens se sont organisés dès le 18ème siècle en corporation indépendante, renforçant l’attraction de Mirecourt auprès des plus grands virtuoses. La petite cité a enfanté des dynasties de luthiers comme Nicolas Lupot, Jean-Baptiste Vuillaume, ou encore la famille Collin-Mezin… . Ces artisans de haut vol se sont attelés entre le morceau de bois et le violon à sculpter la musique transformant leur ville en un centre majeur de la lutherie, et de l’archèterie. Dès 1920, l’instauration d’un apprentissage rémunéré, destiné à former des luthiers d’art capables de fabriquer un violon complet contrairement à la lutherie manufacturée, où les ouvriers sont spécialisés dans la fabrication de certaines pièces, va entretenir les années de gloire de Mirecourt, et faire du luthier un aristocrate des artisans.



Le thermalisme au secours de la lutherie
La Grande Guerre a beau avoir ravagé la Lorraine et Mirecourt sombré avec elle, l’économie est repartie avec les rescapés rentrés au pays.
Dans les années 1920, la ville compte environ 600 luthiers ! En 1921 près de 1.000 personnes sont employées dans les manufactures de violons. Les maisons Thibouville-Lamy, Laberte-Humbert ou Colin-Mezin exportent leur production (30.000 violons par an) à travers le monde. Mais la crise de 1929 va encore frapper de plein fouet la petite capitale de la lutherie qui survivra grâce à la proximité des villes d’eau Vittel et Contrexéville, et leur clientèle aisée friande de distractions, et de concerts. Ses luthiers deviennent doucheur ou masseur en haute saison mais qu’importe ; le thermalisme sauve l’économie locale pour le plus grand bonheur de célèbres clients comme Rostropovitch ou Yéhudi Menuhin. Et même si l’arrivée du disque, va en partie signer la fin du bal.

L‘Ecole Nationale de la Lutherie
Aujourd’hui, Mirecourt ne compte plus qu’une dizaine d’artisans luthiers ou archetiers, mais la tradition se perpétue depuis la création de l’École Nationale de Lutherie en 1970, qui forme en trois ans les apprentis luthiers. L’étonnant Musée de la Lutherie et de l’Archèterie française témoigne de cet héritage en présentant des instruments historiques (que le visiteur peut tester!) et en retraçant l’évolution de cet art. N’oubliez pas la maison de la musique mécanique et de la dentelle … Car vous l’avez compris : Mirecourt fait dans la dentelle !



Pratique :
Où dormir et se régaler en restant dans l’excellence ?
Hôtel Burnel
Ravalé de frais, cet hôtel de charme, situé à 10mn de Mirecourt, a su conjuguer convivialité et qualité, il vient de décrocher sa première étoile Michelin !
Se renseigner