Adolphe Braun, immense photographe, s’expose à Colmar
Adolphe Braun, artiste alsacien talentueux, défricheur, en vogue et même influent au 19ème siècle, est relativement tombé dans l’oubli au 20ème siècle. Adolphe Braun. L’évasion photographique, remarquable exposition, lui rend hommage. Elle se tient à Colmar au Musée Unterlinden jusqu’au 14 mai 2018.
Unterlinden possède un Fonds Braun riche d’une collection de référence de cet artiste. L’exposition présentée est organisée en collaboration avec le Stadmuseum de Munich qui possède également un fonds Braun important. L’exposition s’y est tenue quelques mois plus tôt. Colmar a pu bénéficier de prêts intéressants en provenance de Munich.
Adolphe Braun, né à Besançon (comme Victor Hugo, par le hasard du destin), retourne vivre à Mulhouse son fief d’origine. Cette ville manufacturière est un milieu d’émulation technique important, notamment en matière d’impression d’étoffes. Il débute comme dessinateur de motifs floraux pour l’industrie textile. Le Musée des impressions sur étoffes de Mulhouse a prêté de nombreux tissus reproduisant les motifs floraux dessinés par l’artiste.
Du dessin à la photographie
Concernant les Arts décoratifs du 2ème Empire, les motifs floraux occupent une place privilégiée. Adolphe signe des images d’une précision de rendu, d’une beauté plastique dignes des meilleurs peintres de fleurs.
Ses photographies de trophées de chasse au héron, au faisan, prêts du musée Nicéphore Niepce, sont de toute fraicheur même si elles n’ont pas eu le succès commercial escompté.
Premier photographe de glacier à l’époque, ses expéditions en montagne opérées grâce à son frère Charles alpiniste chevronné, délivrent des images magnifiques et uniques.
Invité lors de l’inauguration du Canal de Suez en Égypte, son fils Gaston Braun le représente. Il en ramène des vues grandioses de l’Égypte antique.
Le Château médiéval de Chillon en Suisse utilisé comme prison par les ducs de Savoie est multi-photographié. Les photos sont prisées des touristes Quelques photographes se disputent une clientèle touristique avide de souvenirs montrant des paysages de Suisse. Elles sont vendues à l’unité.
Le peintre Gustave Courbet, dont le tableau Le Château de Chillon est présent dans l’exposition, s’est également inspiré de l’œuvre Braun. Cette peinture attachante reflète symboliquement la situation personnelle de Courbet contraint à l’exil après avoir participé à la Commune de Paris.
Braun, un visionnaire de la technique photographique
Adolphe Braun est passé maître dans la technique du tirage au charbon. Il prend également un soin minutieux à la conservation des négatifs de sa Société dont il organise la diffusion des images en véritable business man.
Un artiste reconnu dans son siècle
L’ambition qu’il a donné au média « photographie », l’excellence de ses paysages, portraits, reproductions d’œuvres d’art vendus dans un cadre comme le serait un tableau de Maître, dans une boutique dédiée à Paris, font de lui un véritable artiste doublé d’un business man.
À l’époque, la carte postale n’existait pas. La photo amateur non plus. Ses portraits et paysages étaient appréciés et recherchés par une cohorte de touristes argentés.
Grâce à l’ouvrage « L’Alsace Photographiée », recueil de châteaux et sites remarquables alsaciens, offert à Napoléon III, Braun s’est fait une certaine notoriété devenant à cette occasion Photographe de Sa Majesté l’Empereur.
Une exposition riche par ses thèmes iconographiques et par les matériels photographiques utilisés par Braun lors de ses prises de vue.
Geneviève Guihard
L’évasion photographique. Adolphe Braun. Jusqu’au 14 mai 2018.
Musée Unterlinden
Place Unterlinden à Colmar
Tel : 03 89 20 15 50