Clermont-Ferrand : dans le sillage d’Alexandre Vialatte
Photo de présentation Toits de Clermont © Hemis – MONTICO Lionel
Clermont-Ferrand, située au coeur de l’Auvergne, possède une identité au charme singulier qui reflète autant son histoire que sa modernité. Atypique et sympathique, elle pratique à l’image de sa grande figure littéraire, Alexandre Vialatte, l’art et la manière de rendre l’ordinaire : extra !

Avec son architecture inimitable, la cité cultive un style à la fois clair comme l’écrivain qui l’a décrite avec amour et humour, et obscur comme sa cathédrale Notre-Dame-de-l’Asomption. Bref, elle possède une personnalité aussi forte que son mentor. Qu’on se le dise ; la capitale auvergnate et Alexandre Vialatte sont indivisibles. La ville, a influencé l’œuvre de l’écrivain, qui a profondément contribué à façonner son image littéraire à travers ses célèbres chroniques publiées dans le journal local la Montagne. Impossible d’échapper à son ombre qui plane sur ses rues, ses places, ses fontaines et les volcans alentours. Ici, la culture et la nature s’entrelacent comme l’ironie et la poésie dans les textes de Vialatte.

Sise au pied de la chaîne des Puys, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle est bâtie sur une cicatrice géologique. La ville a en effet été construite au cœur d’un ancien volcan phréato-magmatique âgé d’environ 156 000 ans. Sa cathédrale posée sur une butte, se dresse sur un ancien anneau de cendre. C’est peu dire qu’on respire à pleins poumons dans ce paradis de volcans endormis, qui font le bonheur des amoureux de nature, de randonnées, et de parapente.
Célèbre grâce à la présence d’un pneu devenu un géant de l’industrie fondée ici, à la fin du XIX ème siècle, elle est aussi un centre culturel et universitaire dynamique qui accueille chaque année un des festivals internationaux du Court-métrage, les plus réputés.

Découvrir la sous préfecture à travers les écrits du romancier, nouvelliste et traducteur de Kafka en France vous permet de la pénétrer de l’intérieur, tant le chroniqueur des 900 chroniques dans la Montagne, a su saisir son âme en la croquant sous un angle aussi insolite qu’humoristique. Si l’auteur de « Battling le ténébreux » n’est pas né à Clermont il y a vécu de longues années avec son épouse, Hélène Gros-Coissy, lauréate de l’École des surintendants et qui, en 1928, a créé le service social des usines Michelin. Le couple s’est installé dans une maison du vieux centre au 5, rue Thomas. Le bureau de Vialatte en sous sol lui fera dire que c’est de cette « caverne » qu’il a découvert la ville, mais il précisera aussi, car la maison est sur plusieurs niveaux, qu’il se réjouit que la place de la Poterne soit à deux pas pour « s’imprégner d’un paysage somptueux avec, à ses pieds, une partie de l’agglomération clermontoise et, à portée de main, le majestueux puy de Dôme ». « Nous avions une vue panoramique sur le tribunal et la prison d’un côté, sur les flèches de la cathédrale de l’autre, « cette reine noire du caoutchouc clouée à l’horizon sur sa butte ténébreuse par les deux flèches de sa cathédrale couleur d’orage »…

Pour l’ami de Debuffet : « Clermont est une ville à surprises, pleine de trappes d’où tout peut sortir, une ville souterraine, une ville de cryptes et de caves à triple étage. La rue du Port, la rue des Gras, les Halles, le marché aux poissons forment des souks caverneux et grouillants, hétéroclites et discuteurs. Un réseau touffu de capillaires, comme la rue de la Boucherie, relie entre eux ces organes congestionnés ». Et c’est ainsi que Clermont est grand ! »
« Cette ville est encore toute noire d’avoir conçu Blaise Pascal. Elle est bâtie en lave de Volvic, matériau janséniste, obscur et résistant… Tout autour, des horizons de gaze, d’aquarelle, de grandes vacances. » « Clermont travaille, mange et prie », Évoquant le vieux Clermont de l’époque, il parle de « ce lacis de ruelles noires qui se tordent et s’enchevêtrent autour de la cathédrale comme un paquet de lacets de souliers. L’ombre de Pascal les glace encore d’un frisson. ».
Et encore : « Pascal aimait tellement l’Auvergne qu’il naquit à Clermont-Ferrand. C’est une ville noire comme le jansénisme, percée de rues au bout desquelles on voit le ciel comme dans les pensées. Elle est noire parce qu’elle est en pierre de Volvic, roche ignée, dure , râpeuse, assez peu nourrissante, fille du feu des puys où va brouter la chèvre. » écrit Alexandre Vialatte, dans « l’Auvergne absolue ».

Alors si Clermont-Ferrand n’a pas décroché le tître de Capitale culturelle européenne qu’elle convoitait pour 2028, elle réserve toujours ses surprises. Portée par Olivier Bianchi, un maire convaincu, qui n’a pas renoncé à sa mise sur orbite, l’auvergnate cultive d’autres objectifs. Elle s’est convertie en green City. De quoi rendre hommage à son enfant prodige, Blaise Pascal, penseur de génie qui inventa la première entreprise de transports publics avec ses propres deniers et dont il assura seul et avec succès le montage financier. Et avant de venir, n’oubliez pas ce conseil :« Munissez vous toujours de lainages lorsque vous allez en Auvergne. Tout y est aigrelet : le fond de l’air, le fromage, le vin, le son de la vieille » signé Vialatte, « écrivain notoirement méconnu ».
PRATIQUE
Se Renseigner :
www.clermontauvergnevolcans.com
Tél : 0473986500
Où dormir :
A l’hôtel littéraire Vialatte, bien entendu :
16, place Delisle. www.hotelvialatte.com/tél 0473919206
Cet hôtel 4 étoiles situé au pied du centre historique, près de la basilique Notre-Dame du Port, un joyau de l’art roman propose outre une immersion dans l’univers d’Alexandre Vialatte à grands renforts de livres à disposition et de citations, une vue panoramique sur la cathédrale et les volcans.
Brunch pour le Festival Littérature au Centre le 30/03/2025 (l’hôtel est mécène)Prix Alexandre Vialatte : le 03/10/2025
A faire outre les nombreux musées de la ville :
Prendre le petit train à crémaillère pour au sommet (1465 m) s’offrir une vue à 360° sur 350 millions d’années!
Visiter « l’Aventure Michelin »
Acheter du St Nectaire chez le fromager Olivier Nivesse installé près des Halles gourmandes du marché St Pierre.
Bonnes tables :
La fille à Papa
28, rue des Petits-Gras
Restaurant d’Epicure
au sommet du puy de Dôme
Le Bistrot de la Butte
2, rue du Terrail Place de la Victoire.
Bon à savoir :
Blaise Pascal a écrit un traité sur l acoustique a 12 ans, son père faisait partie du cercle des savants à Paris. On dit qu’ il a créé la « pascaline », la première machine à calculer, ancêtre de l’ordinateur pour aider son père dans ses calculs. Une de ses « Pascaline » est d’ailleurs exposée dans le hall d’entrée d’IBM à New York. Le physicien qui a écrit plusieurs traités était aussi, mathématicien, ingénieur, bref « inventeur auvergnat « précisait t – il toujours !