La Fête bat son plein à Charleville Mézières
C’est l’année de tous les anniversaires à Charleville Mézières où le festival mondial des Marionnettes fête ses 60 ans, et les 40 ans de l’Institut International de la Marionnette. Il se tient tous les deux ans avec une programmation In et Off, artistique, poètique, ludique, humaniste et foisonnante.
C’est le plus grand rassemblement de marionnettistes du monde ! Ils sont venus des quatre coins d’Europe, (pas de la planète comme d’habitude à cause du Covid !) et le public est au rendez-vous, du coin et de plus loin, pour ce festival qui appartient autant à la ville que son enfant prodige : Arthur Rimbaud.
Depuis le 17 septembre les scènes font battre les cœurs des salles, des rues, des gymnases, des cours, des jardins, du matin jusqu’au soir pendant dix jours. Pour la plus grande joie des petits bien sûr avec Guignol et consorts mais des plus grands aussi, car le théâtre de Marionnette ne se limite pas à un public d’enfants. Il est multifacette, à l’image de ses regards sur la société qui sont pluriels, bruts et décalés, comme les chemins pour y arriver. Bref, il y en a pour tous les goûts et tous les âges. Qu’on se le dise : La marionnette est transgénerationnelle, côté spectacteurs et côté artistes : les pionniers reviennent.
Au total ce sont pas moins de 104 spectacles venus de 16 pays différents pour plus de 420 représentations qui sont proposées jusqu’ au 26 septembre pour cette 21ème édition. Selon Pierre Yves Charlois, son nouveau directeur, le Festival développe de nouvelles esthétiques et thématiques. En vrac : la magie nouvelle, le fantastique, le cabaret, la performance, le théâtre de sable et d’argile. Résultat , les créations sont parfois à des années lumière de Polichinelle, faisant la part belle à l’insolite et l’expérimentation en s’écartant des sentiers bien balisés des animations uniquement populaires. Ceci n’excluant pas cela, Charleville s’ambiance quand même dans un esprit grande kermesse avec ses marchands du temple, ses friteries et ses barbes à papa. Sans oublier ses manèges et animations loufoques et créatives tous azimuts sur l’emblématique et historique place Ducale et ses déambulations dans le cœur de ville.
La diversité est aussi géographique, les salles étant disséminées aux quatre points cardinaux de Charleville, les visiteurs sont invités à découvrir les charmes de la mère patrie de Rimbaud avec sa base nautique, et ses quartiers résidentiels autour du cimetière où il est enterré. Sans oublier les berges du fleuve derrière son musée, à visiter forcément. Clap de fin dimanche prochain.
Nos coups de cœur
In : Un show in utéro
Dans la série nouvelle tendance le spectacle organique, de Lou Broquin, « J’entends battre son cœur », installe le public dans des hamacs avant de le plonger dans le ventre d’une femme enceinte. Les spectateurs accompagnent grâce à un dispositif scénique immersif et sensoriel, son cheminement in vivo pendant ces 9 mois de gestation.
Off : « Petit bout de terre » de la Compagnie Consorzio Balsamico aborde l’insolite Syndrome de la Résignation, identifié en Suède (et en Australie), et qui plonge les enfants d’immigrés dans un sommeil qui peut durer de quelques semaines jusqu’à plusieurs années suite à un ou plusieurs traumas. Les enfants s’endorment, et sont alimentés par sonde gastrique. Avec leur petite scène tournante recouverte de terre et leurs deux marionnettes Eva Miskovicova et Alessandra Stefanini, offrent un moment d’émotion proportionnellement inversé à l’économie de moyens de la scénographie.
Notre bémol : Certains spectacles du In peuvent s’avérer décevants, pour qui n’entend pas très bien, en intérieur et en extérieur.
A Voir : Faites un petit tour du monde de la marionnette traditionnelle et contemporaine avec l’impressionnante collection exposée au musée de l’Ardenne. Et ne ratez pas l’exposition Annette pour mesurer tout le travail que représente la création d’une seule marionnette, en l’occurrence celle du film éponyme.
A Faire : ateliers en famille.
Se Renseigner : www.festival-marionnette.com