La Guadeloupe, au-delà de la carte postale


La Guadeloupe, ses plages, ses palmiers, son volcan… et ses artistes. A l’initiative du Comité du
tourisme de la région Guadeloupe, l’exposition « Empreintes et résilence » propose de découvrir une
autre facette de l’archipel caribéen, sous l’angle de l’art contemporain.

Pays mêlé
Le sous-titre, « Pays mêlé », s’inspire du recueil de nouvelles de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, figure de la littérature
française, disparue en avril. Les 70 œuvres de 21 artistes s’articulent autour de cinq thèmes,
montrant la résilience d’une culture après l’esclavage et la colonisation.

La première salle, consacrée à l’identité de l’île, donne à voir par exemple une installation de Philippe Thomarel : sur un mur, de multiples poupées miniatures de différentes couleurs illustrent le métissage de la population.
Les empreintes du passé montrent ensuite la violence issue de la colonisation. Ainsi, les dessins de
Samuel Mazaniello, qui étudie l’impact de l’homme sur l’environnement, ou les photos de maisons à
l’abandon, par Georgina Gace.

La troisième salle s’attache à la place de la femme. 
Pilier de la maison, souvent prise dans des relations conflictuelles, elle veut assumer son corps (dans les toiles de Mixi) ou s’affirmer comme reine (dans les photos de Pok, générées par l’IA).

Richesse, force et soutien où puiser de la résilience : la nature occupe la quatrième salle.

Avec ses sculptures de fils de laiton, Florence Gossec évoque la végétation rencontrée lors de promenades sur l’île. Enfin, le design illustre également la résilience, quand matériaux et savoir-faire local s’allient aux influences extérieures : les lampes de Damalia rappellent l’Art Nouveau, tandis que les mobiles-sculptures de Dach & Zephyr revisitent les colliers végétaux des anciens esclaves. La déambulation au milieu de cette exposition offre ainsi l’occasion de porter un autre regard sur les îles, moins exotique et plus complexe, et d’imaginer comment guérir, par l’art, les blessures passées.



Interview : Christelle Clairville, directrice artistique de l’exposition « Empreintes et résilience –
Pays Mêlé »


Q. Parlez-nous de la genèse de ce projet…


R. La Région des Iles de Guadeloupe avait prévu d’organiser tout au long de l’année 2024 plusieurs
hommages à l’écrivaine Maryse Condé. Celle-ci est malheureusement décédée au mois d’avril, avant
de pouvoir prendre part aux diverses célébrations (exposition, colloque, séminaire), sur l’île, à Paris
ou aux Etats-Unis. Son recueil de nouvelles « Pays mêlé » sert de fil directeur à l’exposition.
Comment avancer, en dépit d’une histoire lourde à porter ? Le travail des artistes sollicités reflète les
mêmes préoccupations : identité, empreinte du passé, relations à l’autre… L’idée consistait à
mélanger les pratiques artistiques. Le dessin se mêle ainsi à l’encre sur toile, à l’acrylique, à la
photographie, à la vidéo, à la sculpture, sans oublier le design.


Q. Quel est l’objectif de l’exposition ?

R. Désireuse de faire exister les îles de la Guadeloupe au-delà des clichés exotiques, la Région met
désormais en avant le secteur culturel comme argument touristique. Elle a récemment créé un circuit
labellisé d’ateliers d’artistes, valorisant le savoir-faire et les traditions, à côté des circuits classiques
pour voyageurs en quête de soleil. Il s’agit de surprendre les visiteurs, de faire parler de la
Guadeloupe autrement que par les beaux paysages ou les exploits des sportifs du cru.


Q. Quelle est la place de l’art contemporain en Guadeloupe ?


R. L’émergence de nombreux artistes dynamise la création contemporaine, mais cette production a
besoin de davantage de diffusion. L’écosystème artistique guadeloupéen n’est pas encore
suffisamment développé. C’est pourquoi la Maison Gaston, que j’ai fondée il y a trois ans, se charge
de faire connaître une quinzaine d’artistes antillais (dont certains exposent ici), en métropole et à
l’international. L’exposition va leur offrir une plus grande visibilité, et s’adresse aussi bien au public
parisien qu’aux touristes étrangers, en espérant profiter des Jeux Olympiques cet été.

PRATIQUE

Contact : agence Europe du Comité du tourisme des Iles de Guadeloupe. 8-10 rue Buffault (Paris 9 ème ),
du 1 er juin au 14 septembre. Du mardi au samedi, de 10h à 18h.

Images liées:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Vous êtes déjà des milliers à nous lire. Rejoignez nous sur nos nouvelles pages et aimez-nous !