La Loire à tire d’elles.

Photo de présentation : SEM-Grangent ©ADT42Gil LEBOIS

Cernée au Nord par la Saône-et-Loire et l’Allier, au Sud, par l’Ardèche et l’Isère, voici la Loire où on ne l’attend pas. Et voici un patrimoine vivant et passé cousu main par des femmes dont le travail vous renvoie, des Monts du Forez, au Massif du Pilat, au meilleur de ce département secret de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

 

Le Forez

Sous ses airs bucoliques, derrière les courbes de ses collines, ses futaies denses gorgées d’eau, le Forez fut une pépinière d’entreprises emblématiques de l’évolution de la condition féminine. Ces paysages composent une partition fleuve portée par des femmes inconnues qui ont, derrière les trésors du patrimoine local, toutes apporté leur pierre à la mythologie et l’économie du pays. Chacune, à sa manière a écrit une page de cette histoire. Toutes ont inscrit leur travail d’exception dans l’héritage culturel, industriel, et artistique français.

1ere Étape : Montbrison

L’ex capitale du Forez déroule dans son cœur historique pas moins de 18 monuments, classés ou inscrits. A commencer par l’extraordinaire Salle héraldique de la Diana, ornée d’une voûte ogivale en bois décorée de 1728 blasons et qui accueille une bibliothèque de 30 000 ouvrages, avec la première édition de Champollion.

F-Montbrison-Diana©Carnet de traverse

C’est dans le Forez qu’a été rédigé, par Honoré d’Urfé au XVIIeme siècle, l’Astrée, considéré comme le premier roman-fleuve de la littérature française. 

La Diana abrite aujourd’hui la Société Historique et Archéologique du Forez où flotte le fantôme de Marguerite Gonon : Figure locale à plus d’un titre, cette historienne fut la 1ère femme à entrer au CNRS, docteur ès lettres et ingénieur, l’ex institutrice n’ a jamais délaissé son pré carré du Forez, dont elle étudia le patois. « Au temps de ma lointaine enfance (je suis née en 1914), j’ai appris le français et le patois, car il était difficile de polissonner avec les drôles de mon âge autrement qu’en patois : grâce au ciel, mes parents n’étaient pas assez fonctionnaires pour bannir ces naïvetés villageoises. » Engagée dans l’école des « Annales », celle qui n’oublie pas les petites gens, l’historienne médiéviste le fut aussi dans la Résistance. Elle deviendra responsable de l’Armée secrète dans son secteur, seconde région d’étangs de France après les Dombes.

F-Montbrison©clo et Clem

 

Autre passage obligé : les poupées Gégé au musée d’ Allard

Dans cet hôtel très particulier cohabitent des collections de minéraux, d’oiseaux naturalisés et, au dernier étage des poupées provenant du monde entier qui rappellent la Success story de l’ usine créée en 1933 par Germain Giroux. Dans les années 1960, Gégé devient le leader français du jouet, ses poupées inondent les foyers. Modernes et glamours, Milly, Jacky, Dolly en ensemble Vichy, encouragent la libération des petites filles.

Martine fait du shopping

 

L’entreprise a employé jusqu’à 1200 personnes à son apogée et participé à l’émancipation économique des ouvrières issues en grande majorité du Montbrisonnais. Elle restera l’une des plus florissantes au monde jusque dans les années 70, où elle sera supplantée par l’Américaine Mattel avec Barbie. Germain Giroux se battra pour ne pas délocaliser, il déposera le bilan en 1979.

 

2ème étape : Cervières avec la Maison des Grenardières

Héritage des croisades, le savoir-faire de la broderie au fil d’or française ne fait plus recette aujourd’hui. Pourtant, aux XIXème et au XXème siècle, il a fait la richesse de cette région qui a su s’imposer auprès des grandes maisons parisiennes avec la broderie militaire. Les Grenardières doivent leur nom à l’emblème des gendarmes et des pompiers qu’elles ont brodé en très grande série : la grenade.

Cervieres-Maison des Grenadieres ©ADT42_ Evelyne DEVEAUX

Les insignes militaires, symboles de puissance et de richesse vont faire les beaux jours des commandes. Dans l’entre- deux guerres le développement de l’uniforme va devenir leur gagne-pain dès l’ âge de 14 ans, elles apprennent sur le tas. Reconnues pour leur travail d’excellence, les brodeuses répondent aux commandes du monde entier, y compris pour réaliser des croix gammées, des aigles de Mussolini ou encore des étoiles pour les militaires polonais, durant la seconde guerre mondiale !

D’origines modestes, ces femmes de paysans ou d’artisan aux doigts de fée et aux yeux de lynx, télétravaillent, offrant un complément de revenus aux foyers. Ces « petites mains » ont souvent été au service des grands de ce monde en l’ignorant. En1977, certaines d’entre elles, reconnaîtront dans les pages de Paris Match le fruit d’un travail de trois mois ; un costume faste porté par l’empereur de Centrafrique Bokassa. Si la dernière Grenardière a disparu en 2012, des brodeuses au fil d’or perpétuent la tradition sur les costumes des hauts gradés, des hauts fonctionnaires  ou encore les habits d’académicien. Mais mondialisation oblige, c’est sans doute la dernière génération pour cause de délocalisation au Pakistan et en Inde.

La Maison des Grenardières ne se contente pas de sauvegarder ce patrimoine, elle l’enrichit à travers ses expositions dédiées à la broderie contemporaine. Chaque été des ateliers et des animations de broderie sont proposés aux adultes, aux enfants, et en famille.

3 ème étape : Chazelles-sur-Lyon avec la chapellerie

Bienvenue dans l’ex capitale française du chapeau de feutre en poil de lapin. Le lieu associe aujourd’hui musée et atelier dans l’ancienne usine Fléchet habillée de briques rouges.

Chazelles-sur-Lyon-©La_Chapellerie

Dans cette capsule temporelle unique, les machines en cuivre brillent comme des alambics mais ne disent rien du bruit infernal qu’elles imposaient. A son apogée, la chapellerie employait jusqu’à 2500 ouvriers (surtout des ouvrières) soit la moitié de la ville pour une fabrication annuelle de 5 millions de chapeaux. L’usine exportait dans le monde entier. La seconde guerre mondiale va entamer le déclin, les années 60 sonnent le glas, la chapellerie ferme en 1976. Le musée ouvre en 1983. C’est une formidable immersion dans cette aristocratie ouvrière où les hommes gagnaient bien leur vie, contrairement aux femmes qui travaillaient dans les pires conditions, inhalant les effluves des teintures chimiques et l’acide des poils de lapins.

Chazelles-sur-Lyon-©La Chapellerie

Pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands ont réquisitionné l’usine pour la fabrication des chaussons de feutre, la petite histoire veut que les ouvrières aient glisser du poil à gratter dans la composition pour se venger. Vous y découvrirez tout l’ art de faire un chapeau encore aujourd’ hui pour les 300 modistes que compte la France en Chapellerie. Et vous vérifierez qu’on le lustre toujours en le brossant dans le sens du poil, d’où l’expression bien connue ! Bref, les gestes d’aujourd’ hui répètent ceux d’ hier, car on fabrique encore comme au 19ème pour la beauté du geste et de ses finitions.

Chazelles-sur-Lyon-©La Chapellerie

 

4ème étape : Les Côtes du Forez en mode viticultrices

Stéphanie Guillot fait du vin, son mari du lait, ce qui explique peut- être qu’on boive son vin comme du petit lait ! Ses vignes s’épanouissent sur les pentes du Forez.

Stéphanie Guillot

Cette mère de trois enfants est la 1ère femme à avoir à son nom propre son domaine : « Fleur de vigne ». Partie seule et pour tout bagage et arme son BTS viticulture œnologique, elle est passée de 1,3 hectares à 8 hectares, comme elle est passée de la culture conventionnelle, à une démarche raisonnée avec pour objectif à terme le tout bio pour ses huit cuvées en rouge, rosé et blanc. Elle travaille aujourd’hui avec une petite équipe de trois personnes et regarde « plus la météo que les infos ! ». On vous invite vivement à déguster ses vins d’appellation « Loire volcanique » dans une ancienne loge de vigne réaménagée en caveau de vente.

Vignoble du Forez ©ADT42 Evelyne DEVEAUX

Julie Logel a la farouche féminité d’une Florence Arthaud, elle ne sillonne pas les océans mais la mer de vignes de son paternel auquel elle va succéder. Dans la famille Logel, voici la fille aussi bio que son papa était pédago, un pionnier qui a dû tâtonner avec sa femme Odile avant de proscrire les produits de synthèse et se convertir au bio en 1992. Leur vin chante son terroir, son climat qui résiste encore au réchauffement climatique.

5ème étape : Le Massif du Pilat avec Valérie Tracol, accompagnatrice.

Avis aux photographes, aux curieux qui voudraient déchiffrer les sentiers des forêts les pieds nus. Inspirez, expirez et vous verrez les régiments de sapins se dilater. Ici, la forêt se respire à pleins poumons, les éléments se mettent en scène et vous êtes au spectacle comme aux anges.

P.Graix/Pic des trois Dents©

Dans ce cocon végétal tressé de lumière, le silence semble coller à l’écorce des troncs. C’est ici qu’un petit bout de femme,  propose des camps de survie douce. Pas question de performance; Valérie propose une immersion à la carte, entre marche nordique, ou en pleine conscience nu pied les yeux fermés sur la mousse, au fil de l’eau, avec observation du passage des animaux, découverte des myrtilles sauvages, bref toute une lecture de ce paysage qu’on consomme, à grand renfort de soupe à l’oseille ou orties, lors de bivouacs pour faire le vide de la ville et le plein d’énergie.

PRATIQUE :

Se Renseigner :

LOIRE TOURISME, et le site loiretourisme.com

Où dormir ?

A Montbrison

« Une Odeur de Tilleul » – Maison d’Hôtes – Elisabeth COMBRET

Quai des eaux minérales

www.une-odeur-de-tilleul.fr – T: 06 87 18 35 62  

https://www.facebook.com/Uneodeurdetilleul.maisondhotes.montbrison/?modal=admin_todo_tour

A Saint-Genest-Malifaux

« Le Roman des Glacières »

Fabienne et Dominique HUSSON

Les Glacières

https://www.gites-de-france-loire.com/chambre-d-hotes-husson-fabienne-dominique-a-saint-genest-malifaux-dans-LE-PILAT-4722.html – T : 04 77 39 98 86 – ou

06 03 44 26 97

A Saint-Victor-sur-Loire

René JOSEPH – Boulain – T : 04 77 90 36 90 / 06 75 07 45 37        

www.leplateaudeladanse.com 

A voir :

Musée d’Allard et sa collection de Poupées Gégé – MONTBRISON 
13 boulevard de la Préfecture 
T : 04 77 96 39 15

Pas de site internet, mais une page facebook dédiée : https://www.facebook.com/museeallard

MAISON DES GRENADIERES   – CERVIERES – 04 77 24 98 71 – https://www.grenadieres.com 

Office de tourisme Loire Forez – MONTBRISON

1, place Eugène Beaune

www.loireforez.com – T :  04 77 94 08 69

https://www.facebook.com/loireforeztourisme?fref=ts

 Où étancher sa soif du Forez ?

Chez Stéphanie GUILLOT, domaine FLEUR DE VIGNE – La loge des pères – Sainte Agathe la Bouteresse – T : 04 77 24 44 36 –

www. vignobleduforez.fr/les-vignerons

Chez Julie LOGEL:www.verdier-logel.com 

Cave VERDIER LOGEL – 434, rue de la côte – Marcilly le châtel – T. 04 77 97 41 95

Que faire ?

SORTIE NATURE DANS LE PARC DU PILAT VALERIE TRACOL – TROTT NATURE PILAT – GRAIX – 06 82 21 47 25 – trottnaturepilat.com – L’ESPACE BIEN ETRE

INSTANT PILAT – la Fargère – COLOMBIER – T : 07 88 81 27 56 –  instant-pilat.fr – Espace bien-être et massage 

ATELIER MUSEE DU CHAPEAU – CHAZELLES SUR LYON – T : 04 77 94 23 29 www.museeduchapeau.com

 

A ne pas rater

« LES RUBANS DE L’INTIME » (Exposition au Musée d’Art et d’Industrie de St Etienne)

On le sait, la mode offre l’occasion de faire entrer au musée ceux qui n’y seraient pas forcément allés. Ce printemps le musée d’Art et dIndustrie choisit de sortir les femmes de l’ombre. Et pose un regard plus que décomplexé sur la féminité.  Avec les « Rubans de l’intime »  vous la découvrirez sous toutes les coutures. L’exposition cherche à montrer,  aussi comment St Etienne a participé à l’industrie du vêtement en offrant une lecture ethnologique, sociologique, psychologique et historique de l’évolution des corps, témoignage d’une époque révolue ou non.  Les rubans révèlent, ici, leurs multiples champs d’applications, où comment les dessous passent par-dessus, notamment  avec Chantal Thomas, la marraine de cette exposition qui a prêté de nombreuses pièces. De quoi vous donner envie de revoir le film Lola de Jacques Demy.

Musée d’Art et d’Industrie – 2 Place Louis Comte – Saint-Etienne – T : 04 77 49 73 00 – musee-art-industrie.saint-etienne.fr

L’exposition devrait débuter le 4 mai et durer jusqu’au 14 novembre 2021

Il est probable qu’elle commence plus tard….

 

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