Pessoa au Théâtre de la Ville : un choc esthétique

Photo de présentation : (c)Lucie Jansch

Si Robert Wilson est désormais reconnu comme l’un des plus éminents artistes du théâtre des arts visuels, on se demande après avoir assisté au spectacle  » PESSOA-Since I’ve been me « , donné au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt à Paris, jusqu’où ira cet immense metteur en scène. Est-il tout simplement arrivé au sommet de son art ? ou après cette bouleversante et onirique mise en scène, parviendra-t-il encore plus haut ? Ce qui est certain, c’est qu’avec Pessoa, Robert Wilson a dépassé l’attente de ses aficionados comme celle des néophytes qui désormais n’attendent plus qu’avec une brûlante impatience son prochain spectacle.

Une mise en scène d’exception

Une mise en scène époustouflante avec des décors dignes des mille et une nuit, des costumes dont la sobriété choisie avec soin dessine des silhouettes toutes différentes et qui pourtant se confondent en un seul être à l’image du poète Pessoa et de ses hétéronymes.

Alors que le rideau n’est pas encore levé, que les spectateurs continuent d’arriver dans le brouhaha commun à toutes les salles de spectacle avant que la salle ne soit plongée dans le noir et qu’enfin le silence s’installe, on découvre assis sur le bord de l’estrade un frêle personnage… inattendu. Des lunettes lui mangent la moitié du visage, une petite moustache à la Charlie Chaplin se dessine sur sa lèvre supérieure, vêtu tout de noir, chapeau melon, chemise blanche et cravate noire, silencieux, il semble indifférent au reste du monde. Fernando Pessoa est parmi nous ! Des mouvements lents l’animent peu à peu et soudain il semble retenir d’une main l’autre main assassine, il voit ce que nous, spectateurs, ne voyons pas, puis il replonge dans une inertie surprenante pour recommencer inexorablement la même scène jusqu’à ce qu’enfin le rideau se lève sur un océan bleu d’une beauté saisissante, d’où émergent ça et là des soleils rouges. Et déjà la magie opère…

Une poésie envoûtante

Une magie qui nous transporte dans un univers ineffable. Les personnages sont un et multiple. Un étrange et gracieux ballet les anime, des phrases en italien, français, portugais ou encore anglais sortent de leur bouche et l’on attrape à la volée quelques vers de l’hétéronyme Alberto Caeiro :

« Je ne crois pas en Dieu car je ne l’ai jamais vu.

S’il voulait que je croie en lui,

Il viendrait sans doute me parler

Et forcerait ma porte

En me disant, Me voici ! »

Ainsi s‘enchaînent dans une poésie intemporelle et envoûtante, des tableaux dignes des plus grands peintres. On retrouve à la suite d’Alberto Caeiro, Ricardo Reis ou encore Alvaro de Campo, chacun avec son histoire, sa personnalité mais dans une telle harmonie de jeu et de surnaturelle beauté que l’on ressort de cette expérience tout d’abord un peu « sonné » puis comme ensorcelé par ces images qui vont nous poursuivre encore longtemps.

Bravo à Robert Wilson, aux acteurs, à l’équipe artistique et bien sûr à Emmanuel Demarcy-Mota, fidèle admirateur de Robert Wilson à qui il offre régulièrement la scène du Théâtre de la ville.

Pratique :

Théâtre de la Ville- Sarah Bernhardt, 2, Place du Châtelet 75004 Paris

theatredelaville.com 01 42 74 22 77

Images liées:

Christine Jonemann

Directrice de Rédaction de prestiges.international. Elle aime la lecture, l'écriture, les voyages, le partage et les rires entre amis, sa famille et son chat. A publié des livres pour enfants. Est membre de la Société des Gens de Lettres. Secrétaire générale de l'AFJET Association Française des Journalistes et Ecrivains du Tourisme

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