Les Philippines : un archipel, mille visages – Récit d’un voyage initiatique

Texte et photos Daniela Josse. Photo de présentation : Benjamin Jonemann

Il faut du temps pour apprivoiser les Philippines.
Trois semaines, au minimum, pour effleurer l’âme de cet archipel éparpillé dans le Pacifique riche de plus de 7 000 îles. Trois semaines pour comprendre que l’on ne voyage pas seulement dans l’espace mais aussi en soi.

Entre avril et mai, hors saison des pluies, du moins en théorie, je me suis envolée vers cette terre lointaine. Là-bas, le climat est capricieux, de plus en plus imprévisible sous l’effet du changement climatique. La pluie, heureusement, n’y reste jamais longtemps. Elle arrive comme un orage intérieur puis s’efface laissant derrière elle un ciel lavé et une lumière nouvelle.

Un pays de contrastes profonds

Les Philippines surprennent. Ce pays très marqué par l’influence américaine et profondément chrétien se distingue de ses voisins asiatiques. On est loin de la spiritualité douce de Bali. Ici, c’est une autre énergie peut-être moins authentique, moins ancestrale. Mais les sourires sont partout. Une bienveillance naturelle, chaleureuse, qui rend chaque rencontre mémorable.

La pauvreté y est omniprésente mais elle se vit différemment selon le décor, oppressante dans les grandes villes, moins brutale au cœur de la nature luxuriante. Ce contraste force à regarder autrement, à poser sur le monde un œil neuf moins conditionné.

Ce contraste, justement, crée un déséquilibre. Un mot fort mais juste. Il fait référence à la différence marquante entre nos deux mondes et à ce qu’elle remue en nous. La pauvreté extrême, le manque d’hygiène, la nourriture déroutante, la saleté dans les grandes villes, les bidonvilles… tout cela heurte parfois de plein fouet nos repères. D’un côté, des paysages spectaculaires, une nature d’une beauté saisissante ; de l’autre, notre confort occidental, nos habitudes, nos certitudes.

Ce dépaysement, voire ce déracinement, peut provoquer une forme de déséquilibre intérieur. Une secousse salutaire qui oblige à surmonter ses a priori, ses peurs, à se dépouiller de ses jugements hâtifs.

Parcourir le monde c’est aussi cela, aller au-delà de soi, de son cadre de ce que l’on connaît. Et c’est justement ce qui fait à mes yeux toute la richesse du voyage. Il n’est pas toujours évident. Parfois il bouscule. Mais toujours, il enseigne. Au-delà de la carte postale, il devient alors un vrai voyage initiatique.

De Manille à Palawan : immersion dans la beauté sauvage

Le périple a commencé à Manille, capitale tentaculaire, où les horaires de transport sont des suggestions plus que des certitudes. Une nuit de transit avant de s’envoler vers Palawan, perle préservée du pays. À Puerto Princesa, l’hôtel Four Points Sheraton nous accueille avec faste : piscine monumentale vue sur la mer et les montagnes, luxe discret.

C’est ici que se cache l’un des trésors de l’UNESCO : la rivière souterraine de Puerto Princesa. Majestueuse, silencieuse, elle serpente dans les entrailles de la terre un spectacle naturel inoubliable.

Puis cap vers El Nido, toujours sur Palawan où les paysages deviennent vertigineux. Niché dans un hôtel sur les hauteurs (RC Villas and Resorts), notre séjour prend des airs de retraite. Tyrolienne reliant deux îles, excursions en bateau vers des lagons cachés (Secret lagoon, Big lagoon…) et Vanilla Beach plage animée au rythme de la jeunesse.

Coron puis Bohol : entre lacs sacrés et douce quiétude

De l’eau encore, toujours : direction Coron via bateau. Un hôtel sublime nous ouvre ses chambres sur le lac et la forêt (AL FARO Cosmio Hotel Palawan).
Kayak sur les eaux calmes, massages et découverte du lac Kayangan aux allures de paradis perdu.

Puis un vol pour Cebu et un dernier saut de bateau vers Bohol. Là le raffinement atteint son apogée. Un hôtel somptueux l’Epic Suites Bohol (ADULTS ONLY) avec piscine privée sur notre terrasse, jacuzzi sur le toit et vue imprenable sur la mer.

Chaque matin, le petit déjeuner nous était servi sur l’eau, flottant sur un plateau au fil de la piscine.
C’est aussi ici, enfin, que l’on trouve une cuisine goûtue. Car il faut le dire, la gastronomie philippine n’a pas toujours été à la hauteur des paysages.

L’hôtel propose de nombreuses excursions.

Un soir, au fil de l’eau, nous avons embarqué pour une excursion féerique. À bord d’une barque glissant doucement sur l’eau noire, nous avons assisté au ballet silencieux des lucioles dans les arbres.

Les collines de chocolat (Chocolate Hills) nous ramènent à l’émerveillement.

Sur le fleuve Loboc, une croisière d’une heure ponctuée d’un buffet à volonté permet de découvrir le cœur verdoyant de Bohol. Lors d’une halte, une troupe philippine surgit sur l’eau pour offrir chants et danses comme un hommage vivant à la culture locale.
À quelques dizaines de minutes en voiture, les tarsiers minuscules primates aux yeux immenses ferment ce voyage comme un dernier poème.

Un voyage qui transforme.

Les Philippines ne sont pas qu’une destination de carte postale. Elles sont une initiation.
Une immersion dans un monde à la fois étranger et familier où l’on apprend à se réajuster, à se dépasser, à sortir de soi. On y touche du doigt une part oubliée de son être, révélée par le dépaysement, la beauté, les déséquilibres.

On revient changé.
Un peu plus lucide.
Un peu plus libre.

Pratique – Philippines

Y aller depuis la France

Comptez 13 heures par vol direct (Air France) et 17 à 22 h avec une ou deux escales (Qatar Airways, Emirates, Singapore Airlines…). Arrivée principale à Manille (NAIA), ou Cebu pour éviter la capitale.

Formalités

  • Passeport valable 6 mois après le retour.
  • Séjour sans visa jusqu’à 30 jours (billet retour exigé).
  • Prolongation possible sur place.
  • Visa requis au-delà de 30 jours.

Santé et sécurité

  • Vaccins recommandés : DTP, hépatites A/B, typhoïde.
  • L’eau n’est pas potable.
  • Évitez les zones à risque (sud de Mindanao). Les zones touristiques sont sûres.

Infos utiles

  • Monnaie : peso philippin (PHP).
  • Décalage horaire : +6h (hiver), +7h (été).
  • Climat tropical : saison sèche de nov. à avril, mousson de juin à oct.
  • Carte bancaire : utile en ville, liquide indispensable ailleurs

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