Gênes et son trésor : le violon de Paganini

Texte et photos : Christine Jonemann

D’un côté la mer Ligurienne, de l’autre, les montagnes escarpées qui forment une toile de fond magique, et au centre, la ville de Gênes mystérieuse, envoûtante, vibrante, où passé et présent se mêlent heureusement et offrent un écrin incomparable au violon du grand Paganini qui a laissé dans sa ville natale une empreinte indélébile.

Si l’impatience de découvrir ce joyau musical nous inciterait à presser le pas, il serait dommage pourtant de ne pas ralentir pour se perdre dans les ruelles étroites du centre historique bordées de hautes maisons aux façades colorées, qui semblent à la fois secrètes et animées. Le centre de Gênes est l’un des plus vastes d’Europe; il regorge de palazzi (palais) somptueux, notamment ceux de la Via Garibaldi, où se trouvent les Palazzi dei Rolli, inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

C’est dans l’un de ces fameux palais, le Palais Doria Tursi situé au numéro 9, de la via Garibaldi que règne en maître absolu, le fameux violon de Paganini.

Mais avant de faire sa rencontre il faudra traverser un certain nombre de salles, promenade délicieuse à travers des peintures de maîtres du XVIIIème.

On ne peut s’empêcher aussi de garder le nez en l’air pour admirer les plafonds joyeux et colorés, tous différents, et qui pour certains sont dotés de trompe-l’oeil tellement saisissants que l’on revient sur nos pas pour s’assurer qu’il s’agit bien d’une peinture et non d’une sculpture.

Après les peintures de maîtres, on pourra admirer des collections de tapisseries, de porcelaine, de monnaies et de médailles mais désormais l’impatience est à son comble.

Il Cannone

Avant même de pénétrer dans le Saint des Saints, nous sommes déjà avec Paganini. Il est de l’autre côté de la porte et nous offre un de ses morceaux préférés, Mose fantasia. C’est sûr nous allons pouvoir le regarder jouer sur son violon « il Cannone » le célèbre violon Guarneri del Gesù, qu’il a utilisé tout au long de sa carrière.

Ce violon, dont la sonorité riche et puissante a contribué à sa renommée, est devenu légendaire. On dit que Paganini avait une connexion presque mystique avec son violon, capable de produire des sons qui semblaient transcender les limites de l’instrument. Pour certains Paganini aurait même passé un pacte avec le diable tant sa virtuosité était exceptionnelle !

Ce violon, par ses qualités sonores hors du commun, interroge les musiciens et scientifiques, à tel point qu’à la demande du Prix Paganini, il a été passé aux rayons X d’un accélérateur de particules du Synchrotron européen de Grenoble. On a pu ainsi percer certains de ses secrets. Il a été constaté notamment que les parties intérieures du violon sont incroyablement soignées et que le fond du violon est particulièrement épais, ce qui lui donnerait cette puissance de son incroyable et jamais égalée. Luigi Paolasini, Physicien à l’ESRF et luthier interviewé par Radio France dit : « C’est un violon incroyable  pour plusieurs raisons. Avant tout parce que c’est un des derniers violons qu’a construit Guarneri del Gesù et il a été fait d’instinct, on dirait un violon expressionniste. D’ailleurs, il n’était même pas considéré comme un très bon violon avec le raffinement des Stradivarius. On voit des coups de racloir, des trous de rabots dentelés sur le fond, les ouïes sont asymétriques. Guarneri del Gesù est un expérimentateur, mais la caractéristique fondamentale est la suivante : même si le violon a été construit un peu à l’arrache, avec un manche carré, mal fait, les parties intérieures sont incroyablement soignées. » 

Et maintenant nous y sommes. Blotti dans une cage de verre, « il cannone » fait face au violon offert par Paganini à l’un de ses élèves.

Qu’importe, on reste fasciné par la beauté de l’instrument, par son histoire. La rencontre avec le violon de Paganini est de l’ordre du mystique et un véritable choc esthétique qui provoque des larmes d’émotion chez le jeune et talentueux violoniste, Dorian Rambaud, un de ses plus grands admirateurs venu le contempler pour la seconde fois avec toujours autant d’émoi. Dorian Rambaud est diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris et du Royal College of Music de Londres. Son parcours primé témoigne de la qualité de son jeu, toutes les épreuves dans les conservatoires lui sont attribuées avec mention très bien à l’unanimité; le diplôme de musique avec félicitations à Vence et Nice, le diplôme d’études approfondies avec félicitations et le Master à Paris.

Il se produira prochainement dans le deuxième concerto de Paganini avec l’Orchestre symphonique de la Côte-d’Azur.

Mais qui était donc Paganini, ce musicien, mort il y a 184 ans, et qui continue de rassembler autour de lui autant d’admirateurs ?

Niccolò Paganini : un virtuose hors du commun

Né à Gênes en 1782, Niccolò Paganini a commencé à jouer du violon dès son plus jeune âge. Son talent exceptionnel a rapidement attiré l’attention, et il est devenu célèbre pour sa technique innovante et ses compositions audacieuses. Paganini a révolutionné le jeu du violon, introduisant des techniques qui ont redéfini les possibilités de l’instrument.

On retrouve dans ses 24 Caprices pour violon solo cet élan de modernité qui en ont fait une star jamais égalée avec les bariolages (passage rapide d’une corde à sa voisine), les pizzicati de la main gauche et les doubles harmoniques.

Créateur infatigable il a écrit un nombre incalculable d’oeuvres que ce soit pour violon seul, pour guitare seule pour violon et guitare, pour violon et orchestre…et a laissé à la ville de Gênes un héritage incomparable…son cher violon qui ne l’a jamais quitté : IL CANNONE.

Pratique

Renseignements :

https://www.museidigenova.it/it/musei-di-strada-nuova

Dorian Rambaud interprète Paganini :

En savoir plus sur Dorian Rambaud :

Il est primé au Concours international de violon de Cambrai 2019, au Grand-Prix Rotary Paris- Normandie 2021 et obtient le prix de la plus forte personnalité artistique et de la meilleure interprétation d’une pièce dédiée au Concours international Lipizer 2020; il est également sélectionné comme finaliste au Tillet Trust 2024.

Il a participé à de nombreux festivals de musique de chambre, notamment à la Philarmonie de Paris, a donné de nombreux récitals avec piano en France et à Londres, entre autres dans la salle Elgar de l’Albert Hall et à St James’s Church Piccadilly, aux concerts Piano Passion à l’église Saint-Julien-Le-Pauvre à Paris et a pris part à l’émission « Place aux jeunes » de Gauthier Capuçon sur Radio Classique.

En tant que soliste, il s’est produit avec l’Orchestre Symphonique de Vence, l’Orchestre des Concerts Syrinx, dont un aux côtés de Gilles Apap, l’Orchestre Symphonique de la Côte-d’Azur et l’Orchestre National de Cannes.

Actuellement, il se produit régulièrement en tant que soliste avec l’Ensemble Royal de Paris, et en tant que membre du Quatuor Lutetia lors des concerts Mille et Une Nuits dans diverses salles françaises. Il se produira prochainement dans le deuxième concerto de Paganini avec l’Orchestre symphonique de la Côte-d’Azur.

Images liées:

Christine Jonemann

Directrice de Rédaction de prestiges.international. Elle aime la lecture, l'écriture, les voyages, le partage et les rires entre amis, sa famille et son chat. A publié des livres pour enfants. Est membre de la Société des Gens de Lettres. Secrétaire générale de l'AFJET Association Française des Journalistes et Ecrivains du Tourisme

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Vous êtes déjà des milliers à nous lire. Rejoignez nous sur nos nouvelles pages et aimez-nous !