L’Aquoiboniste : Chronique d’un amour défunt 

Bertrand Skol nous entraîne où il veut face à l’évidence de ses maux. Nous le suivons à perdre haleine dans ce seul-en-scène où il brille à chaque instant avec ses mots à maux sombres et rédempteurs à la fois.

Ce fil qui nous retient à la vie

A la suite d’un choc tant physique qu’émotionnel, un homme n’arrive plus à être présent dans sa propre vie. Pour tenter de retrouver la lumière et la joie, il part à la recherche de ce qu’il aimait. Cette quête lui permettra de vaincre ses peurs et d’aboutir à la découverte de lui-même ainsi que d’une étrange vérité : dire à quoi bon tout peut être la plus belle preuve d’amour.

Bertrand Skol nous fait vivre un moment très fort qui réveille les consciences. Au cours de cette véritable plongée dans l’intime, nous découvrons le fil tenu qui nous retient à la vie. C’est une véritable déclaration d’amour.

Ce spectacle est librement inspiré de La mort d’Olivier Bécaille de Zola. Jean-Benoit Patricot, qui en est l’auteur et le metteur en scène a su tailler à la dimension du talent et des émotions de Bertand Skol un véritable costume sur mesure.

Ce seul-en-scène psycho-surréaliste poétique et intime qui devait être présenté au Théâtre des Déchargeurs a été reprogrammé à la Scène libre dans le cadre du mouvement Les Déchargeurs hors les murs ! Faut-il y voir un signe, car c’est une résurrection de ce spectacle suite à la fermeture définitive du théâtre des Déchargeurs.

Le Cyrano du meilleur comédien

Etre déclaré mort, quelques heures, qu’est-ce que cela changerait dans votre vie ? Mourir est une chose… retourner à la vie en est une autre. Comment revient-on d’entre les morts ? Comment oser se présenter à nouveau devant ceux et celles qui vous aimaient ? Cette étrange expérience, Olivier Bécaille va la vivre… découvrir toutes les étapes qui permettront la disparition de ses peurs, son retour à la lumière puis à la joie. Mourir peut être un cauchemar mais aussi la plus belle preuve d’amour.

Nous sommes anesthésiés par ce suspense envoûtant qui nous enveloppe tout au long de ce seul-en-scène captivant. A la chute finale, nous reprenons nos esprits en même temps que le goût à la vie.

Cette chronique d’un amour défunt revisité par Jean-Benoît Patricot à la demande de Bertrand Skol est une sorte de pansement qui lui a valu le Cyrano du meilleur comédien dans un premier rôle pour son interprétation dans l’Aquoiboniste.

Bertrand Skol en 8 questions

Pour Prestige’S, Bertrand Skol a bien voulu se prêter au jeu des 8 questions.

Comment ce seul-en-scène est-il venu jusqu’à vous ?

En fait, ce fut tout d’abord un coup de cœur que j’ai ressenti en lisant la nouvelle d’Emile Zoala La mort d’Olivier Bécaille. J’ai trouvé cette histoire d’un enterré vivant qui revient à la vie extraordinaire. J’ai aussitôt écrit un post sur facebook expliquant que je cherchais quelqu’un pour adapter ce texte. Jean-Benoît Patricot m’a aussitôt répondu qu’il était d’accord pour faire revivre cette nouvelle au théâtre. Cinq mois plus tard, il m’apportait le texte de l’Aquoiboniste. Aussitôt que j’ai vu le titre, j’ai eu les larmes aux yeux parce que j’avais l’impression qu’il avait trouvé le mot juste sur mon état d’esprit à l’époque. Il y a eu comme une connexion très forte entre Jean-Benoît et moi-même autour de ce sujet. Nous nous sommes vraiment rencontrés sur presque toutes les lignes de ce texte car nous avons vécu tous les deux cette histoire de veuvage. Je pense qu’il n’y a pas de rencontre innocente.

Avant même que le spectacle ne commence, vous êtes déjà seul sur la scène. Les spectateurs sont-ils surpris en vous voyant ?

Je suis effectivement accroché complètement immobile à mon lit suspendu. Quand les spectateurs entrent dans la salle, ils ne s’en aperçoivent pas tout de suite. Quand ils me voient, chacun a des impressions différentes. C’est très drôle, certains se demandent comment je fais pour rester immobile si longtemps, d’autres poussent quelques cris d’étonnement ou même d’apeurement. En tant que comédien, je suis assez sensible par rapport aux énergies du public.

Dans La mort d’olivier Bécaille de Zola, le héros se réveille alors qu’il était déjà dans son cercueil et c’est plutôt pessimiste, alors que la version de Jean-Benoît Patricot est plus optimiste ?

L’histoire d’Olivier et d’Anaïs est un plaidoyer sur le pouvoir de la vie après la mort. Au début on se dit que sa mort (celle d’Olivier) l’a tué… puis on assiste à sa renaissance comme s’il était mort dans sa chair et pas dans son esprit. Puis, il y a le rebondissement final… mais chut, il faut laisser au spectateur le soin de le découvrir. Ce rôle m’interpelle vraiment car je me suis retrouvé veuf à 40 ans après dix sept années de vie commune. J’ai eu vraiment cette sensation de mort sociale à la fois vis-à-vis de l’extérieur mais vis-à-vis de moi également. L’Aquoiboniste représente pour moi une heure dix de connexion avec ce moment difficile. Il y a des jours où cela peut me faire du bien parce que cela me soulage quelque part et parfois c’est plus violent. Tout dépend comment j’aborde le spectacle et l’état d’esprit dans lequel je me trouve. Chaque représentation est une aventure !

Vous nous offrez une véritable performance d’acteur. Ce rôle est très physique ?

C’est pour beaucoup le texte qui me permet de faire cette interprétation. Il y a des souffles de vie dans la pensée d’Olivier. Ce sont des moments d’espérance qui me permettent de donner à mon corps un élan physique de retour à la vie. Maintenant, je m’amuse à jouer avec mes mouvements, avec les muscles de mon corps, de les contracter puis de les relâcher. Les lumières de Johanna Legrand et la musique d’Olivier Mellano créent vraiment une atmosphère à la fois étrange et rassurante. J’aime ce côté mystérieux et surnaturel qui s’en dégage.

Qu’avez-vous ressenti en vous voyant à la une des colonnes Morris avec l’Aquoiboniste ?

C’était plutôt plaisant mais en même temps je n’ai pas éprouvé un sentiment narcissique. J’étais fier de moi, de parcours accompli. Bien que je sois gémeaux, je pense avoir les pieds sur terre. Je suis quelqu’un d’assez lucide.

Vos précédents spectacles étaient plutôt comiques. Vers où va votre préférence ?

J’ai envie d’aller partout où mon désir m’amènera. A partir du moment où l’on a soit une comédie, soit un drame, soit une tragédie, l’important c’est d’avoir entre ses mains un bon texte et un personnage à défendre. C’est vrai que lorsque j’étais au Conservatoire ou quand j’ai fait ma formation avec Michel Galabru, tout le monde me disait que j’étais fait pour la comédie.

Quels sont vos projets ?

J’avais dans mes tiroirs un projet qui va voir le jour du 12 au 16 juin 2024 toujours à La Scène Libre. Il s’agit de la pièce d’Albert Camus Le Malentendu. C’est ma première mise en scène et il fallait que je me sente prêt à affronter la mise en scène et la direction d’acteurs. A force d’y penser, la confiance est venue. Et j’aurai le plaisir de diriger Marie-Christine Barrault. C’est un véritable cadeau de la vie !

Dans quel état d’esprit êtes-vous actuellement ?

Peut-être vais-je faire une petite pause avec la scène en tant que comédien pour me consacrer un peu plus à la mise en scène. J’ai pas mal d’idées dans ma tête. Le théâtre est fait pour vaincre ses peurs. Actuellement, je suis comblé et je n’ai pas envie pour l’instant que l’Aquoiboniste s’arrête. Pour le reste, je me dis à quoi bon ?

Infos pratiques

L’Aquoiboniste

Librement inspiré de La mort d’Olivier Bécaille de Zola

Texte et mise en scène de Jean-Benoît Patricot

Avec Bertrand Skol

A la Scène Libre du 1er février au 24 mars 2024 – Durée : 1h10

4 bd de Strasbourg

75010 Paris

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