L’homme femme, un spectacle touchant et mystérieux

Texte Rodica Iliescu / Photo Alexia Vic

Artiste surprenant, à multiples facettes, Laurent Viel transforme d’un coup de baguette magique le théâtre de l’Essaîon en un antre mystérieux, intime et touchant : sa chambre d’enfant, son refuge plein de doutes et d’interrogations, où deux fées s’étaient glissées pour l’ouvrir à un univers féérique.

Sylvie Vartan d’abord, qu’il découvre à l’âge de cinq ans, lorsque sa maman et sa mamie l’emmènent la voir en concert. Vient ensuite Barbara, dont la voix ensorcelante ruisselle dans la maison les dimanches matin où maman écoute ses disques. Disques dont il s’empare, pour les écouter seul dans sa chambre. Ces deux muses, la blonde vaporeuse et fatale, puis la brune fascinante et rebelle, l’accompagnent depuis, l’inspirent, le protègent, le consolent et font à jamais partie de son ciel.

Laurent Viel commence par des cours de chant, de danse, puis compose; le besoin de mots forts le porte ensuite vers les grands textes dramatiques qu’il travaille pour se construire. Après diverses aventures artistiques il croise Isabelle Aichhorn, avec qui il concrétise son désir de mettre en scène un spectacle issu de son dernier album « L’Homme Femme ». C’est, pour lui, une nécessité, un besoin vital, une thérapie libératrice.

Le résultat en est simplement bouleversant. Un « seul en scène » le long duquel Laurent Viel nous plonge dans un monde où, projetés sur les murs imaginaires de sa chambre de petit garçon, Barbara croise Proust et Sylvie Vartan frôle Brel à travers les flottements de rideaux de fumée colorée. C’est une alliance qui nous renvoie aux Correspondances de Baudelaire, tellement les senteurs, les couleurs et les sons se répondent. Chaque chanson est une création, une lecture intime où tout est revisité, exploré librement, sans obligation de conclure par des sentences.

La chorégraphie est sobre et pointue ; l’artiste apprivoise l’espace avec une grande élégance. Il fait corps avec la musique et nous emporte dans un voyage poignant, un parcours d’introspection pointé de malice et de grâce, d’aplomb et d’humilité, qui nous incite à mieux accepter ce que nous sommes, notre identité et notre place dans la société. Amoureux de la chanson française traditionnelle, Laurent Viel n’hésite pourtant pas mélanger des passages éléctro aux Jeux interdits ou à la guitare classique de Thierry Garcia. Le background visuel conçu par Antoine le Gallo met parfaitement en valeur ce funambule étonnant et touchant, qui se meut sans vaciller sur le fil enchanté qui le relie à son enfance.

Infos pratiques :

L’Homme Femme par Laurent Viel au Théâtre Essaïon

6 rue Pierre au lard

75004 Paris

du 20 mars au 26 juin

Tous les mercredis à 21h

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