« L’Orient des peintres » s’affiche à Paris au Musée MARMOTTAN MONET
Ce beau musée parisien offre au visiteur un merveilleux voyage pictural en Orient jusqu’au 21 juillet 2019. Ce voyage s’effectue en la compagnie de peintres français partis découvrir d’autres horizons et vivre leurs fantasmes d’ailleurs. Ils rêvent d’Orient et veulent que le fantasme perdure par leurs peintures.
Œuvres toutes éclatantes, singulières, lumineuses. Elles révèlent un dynamisme pictural, une puissante énergie créatrice.
L’exposition a bénéficié de nombreux prêts du musée d’Orsay mais aussi du Louvre, des musées de Lille, de Bruxelles et même des Etats-Unis (Massachusetts). La richesse des oeuvres exposées est impressionnante, rend l’exposition unique. Elle est à souligner.
Le rêve d’Orient fascine
L’influence d’Ingres est manifeste dans cette première partie de l’exposition. Peu épris de voyage lointain, il aime son confort, il est cependant allé jusqu’en en Italie. Pour ses sujets d’Orient, il s’est inspiré de miniatures persanes et de manuscrits mogols.
L’Odalisque est en vedette et ouvre le bal. La femme du harem. Ingres allonge volontairement son dos pour le rendre plus sensuel, plus lascif.
Ingres Jean-Auguste-Dominique (1780-1867). Paris, musée du Louvre. RF1728.
Delacroix, contemporain et rival, a voyagé au Maroc la Mort du roi assyrien Sardanapaleen en est une inspiration.
Chasseriau élève d’Ingres ; Corot admirateur de Delacroix , Jean-Léon Gerome et son marché d’esclaves, les beautés du hammam à travers le thème du bain. Le thème du Massage : scène de hammam de Edouard Debat-Ponsan ou Le Bain Turc de Félix Vallotton, superbe et peut-être moins orientalisant.
Découverte du paysage du désert
Les peintres voyageurs font eux, l’expérience d’une lumière autre, plus aveuglante. Celle du désert. Une palette de couleurs réduite qui peut surprendre.
L’orient est une expérience visuelle différente et il leur faut inventer une nouvelle manière de peindre.
On ne revient pas indemne de l’orient, le retour en arrière n’est plus possible.
L’exposition privilégie les artistes voyageurs au Maghreb et au Sahara. Eugène Fromentin, superbe Rue Bab-el-Gharbi à Laghouat, prêt du musée de la Chartreuse à Douai. Albert Marquet, passe tous ses hivers en Algérie, et Camoin.
Renoir a passé une année unique en Algérie. Il en oublie ses portraits et peint la végétation (Orsay a prêté des tableaux de Renoir qui ne sortent jamais, comme l’étonnant « Champ de Bananiers »).
L’influence de l’art islamique
Le rapport à présent s’inverse. Les peintres traitent la lumière, en premier chef. Le paysage devient secondaire. La géométrie prédomine. Vassily Kandinsky par deux sujets, Oriental en 1909 et Ville arabe en 1905, démontre que la découverte de l’Orient aurait pu participer au mouvement de l’Abstraction.
Geneviève Guihard
L’Orient des peintres. Du rêve à la lumière. Jusqu’au 21 juillet 2019
Musée Marmotan Monet
2 rue Louis Bailly Paris 16