Pourquoi la musique des années 2000 a-t-elle toujours autant la cote ?

 

Parler des années 2000, de nos jours, ce n’est au fond « que » faire un micro-bond en arrière d’une petite vingtaine d’années, et même si, de prime abord, ce ne semble pas représenter un laps de temps très long, en y regardant de plus près on s’aperçoit que le monde a fondamentalement changé depuis lors… Au détour de la mode, du cinéma, et aussi de la musique, on observe une sorte de résurgence de ce passé riche en couleurs et en textures… Au fil de cet article, nous allons voyager un peu dans le temps tout d’abord, et faire un retour rapide sur une époque dont la page est aujourd’hui résolument tournée. Puis, dans une seconde partie, nous recentrerons le propos autour du thème principal de ce contenu, à savoir, l’amour qui nous lie à la musique des années 2000…

Tout un programme, et le tout sans walkman, sans cassette à rembobiner, et sans zappette en main…

 

De Avril Lavigne à Beyoncé, Miley Cyrus ou Alicia Keys, des Tokyo Hotel aux White Stripes, des Arctic Monkeys aux Pixies, en passant par Britney Spears ou encore Eminem, Jay Z, ou Justin Timberlake, la liste serait trop longue à faire si l’on devait recenser tous les artistes qui ont bercé nos journées et nos soirées au cours des années 2000…

A l’heure de l’urgence sanitaire, de la menace de pandémie et du conflit en Ukraine, à l’heure du coût de la vie qui explose et du changement climatique patent, lorsque l’on se retourne en arrière, ou que l’on décide de jeter un œil dans le rétroviseur de nos vies, pour voir ce qu’elles étaient à l’entame de ce millénaire plein de promesses, il faut bien reconnaître que très souvent, un petit pincement aigu teinté d’une pointe de nostalgie profonde, se fait ressentir en notre for intérieur…

Les temps ont changé, en l’espace d’à peine deux décennies, et c’est sur ce postulat précisément que nous allons faire reposer l’argumentaire de notre contenu. A ces fins, nous allons tout d’abord succinctement faire un retour sur l’ambiance, l’atmosphère de ces fameuses années 2000, pour mieux mettre en relief les différences fondamentales entre le monde d’hier et celui d’aujourd’hui (vous savez ce fameux ‘monde de demain’ que l’on nous avait promis…et que nous avons.). Puis, fort de cette démonstration, nous développerons ensuite dans une seconde partie, le pourquoi du retour en force de la musique des années 2000, car il faut bien le dire, c’est une tendance majeure depuis quelques temps déjà…

Défions les lois de la physique et remontons un peu la frise du temps si vous le voulez bien… Revenons, tranquillement en arrière, ici même, mais ‘hier’…

I/ Les années 2000, tremplin vers un nouveau millénaire, qui sera charnière !

Qui a vécu les années 2000 sait parfaitement de quoi l’on parle lorsque l’on évoque la lenteur d’un modem 64k et le bruit improbable qu’il génère lorsqu’il charge, ligne après ligne, la page sur laquelle vous vous impatientez d’enfin atterrir…

Qui a vécu les années 2000 n’a aucun problème, ni aucune hnote à se souvenir avoir nourri un animal virtuel (les fameux tomagotchi) quitte à s’endormir plus tard au soir ou à se réveiller plus tôt le matin… La vie de ce petit animal électronique virtuel et évolutif en valait bien la chandelle, n’est-ce pas ?

Qui a vécu les années 2000 garde un souvenir ému en repensant à ses jeans taille basse, à ses pantalons un brin évasés sur le bas, mais top moulant à partir des cuisses…

Qui a vécu les années 2000 sait qui est Lorie et connaît la ‘positive attitude’, s’est trémoussé toute la nuit sur du Outkast, du Diam’s, du Nutea, du K.Maro, du Larusso, du Yannick, du Destiny’s Child, du Vitaa ou de la tecktonic grâce à de sulfureuses boissons énergétiques au délicieux goût de chimie marketée…

Au cours de ces soirées endiablées, un peu partout au début des années 2000, on parle de la Coupe du Monde et de l’Euro de football remportés coup sur coup, de Zidane et de Materazzi, on parle aussi de l’autre l’Euro, vous savez, cette nouvelle monnaie magique frappée à Bruxelles (à 1,5 Deutsch Mark PILE, mais à 6,55957 Francs…si cela peut aider à mieux comprendre sur quelle base et à l’avantage de qui elle fut créée…)… Lors de ces soirées enfiévrées, on parle de Friends, de Brad Pitt et de Nicole Kidman, de Eva Herzigova ou d’Adriana Karembeu… On devise avec circonspection sur l’émergence (lointaine dit-on…) de la Chine, ce géant endormi… Parfois, dans certains cercles un peu plus enclins aux nouvelles technologies et à ce qui se trame dans la Sillicon Valley, on évoque même « Internet », et on se plaît à dire que cet outil va tout révolutionner, sans que l’on ne sache trop bien expliquer quand, ou expliquer comment… On rêve de caméras numériques à plusieurs millions de pixels (pour filmer ses vacances et immortaliser les grands moments de l’existence), on rêve aussi de voitures qui se conduisent toutes seules, de voyages en vol commercial à Mach 2 ou 3 pour aller visiter les antipodes en seulement quelques heures de trajet…

Bref, vous l’aurez compris… Au cours des années 2000, d’une manière générale, ce qui occupe le centre des conversations sont des sujets relativement légers, mais par-dessus tout, dans l’insouciance générale, on s’amuse et on prend du bon temps…

En dépit du fait que les années 2000 vont être le théâtre d’événements aussi tragiques que la 2nde guerre d’Irak (plus de 500 000 civils tués au nom de la lutte contre le terrorisme), ou le 11 Septembre (qui changea la face du monde à jamais…), il faut savoir que cette décennie s’avère au bout du compte être la moins meurtrière de l’Histoire, depuis les années 1840…

Lorsque l’on évoque ces souvenirs éclatés, qui nous parlent à tous c’est certain, peut-être que cela éclaire un peu les propos que nous tenions s’agissant du ressenti que nous avons souvent en regardant en arrière vers les années 2000.

Ce temps révolu durant lequel personne ne jugeait ou n’insultait personne sur la planète virtuelle des réseaux sociaux en tous les cas, puisque ceux-ci n’existaient tout simplement pas…

Ce temps incroyable durant lequel les phrases « Allo, t’es où ? » ou « T’as un Iphone ? » ne faisaient pas vraiment sens, puisque les téléphones portables en étaient à leurs toutes premières générations, pesaient plusieurs centaines de grammes, et que les communications coûtaient un œil, cils compris !

Il est intéressant de noter, d’un point de vue purement sociologique, que si l’on s’amuse à étudier ce phénomène de nostalgie, en dehors de tout contexte historique particulier, cela n’est pas sans rappeler quelque chose que les plus vieux d’entre-nous avaient déjà vécu au préalable, et sur quoi ils pourront mettre le doigt en faisant appel à leur mémoire… Ce à quoi nous faisons référence, c’est ce ressenti que nous avions, justement au cours des années 2000, vis-à-vis des années 80… Est-ce que cela vous parle à vous aussi ?…

Dans les années 2000, d’une certaine manière, beaucoup d’entre nous avaient tendance à ‘sacraliser’ (le mot est certes un peu fort…) les années 80, avec, souvenez-vous, cet engouement pour les concepts et les designs vintages déjà (les sweat-shirts, les baskets, etc…)… Arguant de ce constat, ne serait-il pas avisé d’avancer, comme l’ont fait certains grands penseurs et intellectuels de différentes époques que « Tout n’est qu’un éternel recommencement… »?…

Quoi qu’il en soit, pour nous, contemporains et citoyens vivants en l’an 2022, les années 2000 semblent avoir été plus légères, plus simples, plus gaies, plus insouciantes, au même titre que cela était le cas pour les gens de 2000 lorsqu’ils se situaient, eux et leur époque, par rapport aux années 80… Et cela n’est donc, en substance, que le même phénomène se répétant de manière cyclique, et qui s’apparente à quelque chose de l’ordre générationnel si l’on peut dire : les adultes de 2000 ayant été les enfants de 80, et les adultes de 2022 ayant été les enfants de 2000.

Pour peu que l’on accepte de se placer dans ce paradigme de la psyché humaine collective, on peut alors considérer que mécaniquement (ou presque…), la plupart d’entre-nous va tout simplement puiser dans le passé, cette forme d’insouciance et d’innocence perdues avec le crépuscule de l’enfance.

II/ Au prisme de la musique des années 2000…

Avant toute autre chose, que les choses soient claires, à aucun moment nous ne soutiendrons la thèse selon laquelle les années 2000 sont une période bénie ou dorée de la Musique avec un M majuscule, du reste, cela vaut pour les années 80, et tant d’autres… Pour autant, le propos n’est pas non plus de jeter l’opprobre sur cette décennie tout particulièrement, en matière musicale… Disons que nous allons tout simplement considérer les années 2000, tout au long de ce contenu, comme une décennie parmi tant d’autres, ni meilleure, ni pire, de manière neutre, autant que possible.

Une fois que nous avons dit cela, en se penchant sur le détail, il faut bien reconnaître que la plus grande partie du paysage musical des années 2000 est occupée par des artistes markétés de A à Z, avec une image absolument maîtrisée, cadrée, orientée commercial pur, et dotés d’une profondeur artistique assez limitée (le trait est forcément général et ne vaut pas au cas par cas…alors n’en prenez pas ombrage)… Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à repenser aux innombrables Boys band d’alors, aux Spice Girls, et aux groupes qui cartonnaient dans les hit-parade, vous verrez que nous sommes loin de Bob Dylan, des Rolling Stones, de Gainsbourg ou de Chopin, mais peu importe, car là n’est pas le plus crucial pour marquer son temps.

Au début des années 2000, dans la droite lignée des années 90, les succès commerciaux massifs s’enchaînent à un rythme endiablé. A cette époque, durant laquelle la plupart d’entre-nous étions des écoliers, des collégiens, des lycéens ou des étudiants (et donc loin des préoccupations et des responsabilités qui peuvent être les nôtres aujourd’hui) l’essentiel du monde et de ce qui fait nos vies est sinon paisible, tout du moins « positif », « constructif », et nous avons la sensation d’avancer, de grandir…

Au rythme effréné des tubes qui se vendent à des dizaines de millions d’exemplaires, chacun répond à sa façon, en consommant tout simplement, en écoutant, en ré-écoutant, en mettant en boucle ou en ‘Repeat’ selon le terme consacré par le format anglo-saxon que prennent parfois nos appareils Hi-Fi… Chaque fin de semaine, les pistes de danse fument littéralement des frottements de semelles, et en soirée, les conversations tournent aussi vite que les bouteilles et les verres. Chacun estime sa vie, jauge ses succès, ses attentes, projette ses désirs, ses envies, rencontre, aime et chemine…

A la lumière de l’ensemble de ce faisceau d’explications, vous l’aurez sans doute compris, si aujourd’hui, les tubes des années 2000 sont tendance, ne cherchez pas ailleurs que le plaisir des quinquas, des quadras ou des trentenaires à se remémorer leurs chansons favorites d’une époque qu’ils ont tout simplement chérie. On dit souvent que la musique d’un temps donné n’est rien moins que le reflet de l’époque dans laquelle elle a été produite, si tel est vraiment le cas, alors ce que nous disions de la décennie 2000-2010 (à savoir qu’elle était la décennies durant laquelle il y avait eu le moins de morts du fait de guerres depuis 1840) s’est sans le moindre doute aussi traduit dans les productions d’alors, d’une manière ou d’une autre…

Lorsque l’on sait l’angoisse et la tension que nous traversons de nos jours, par effet de ricochet, il serait donc doublement réconfortant pour certains d’entre-nous, de retourner chercher ces ‘vieux’ tubes sortis entre 2000 et 2010 afin de s’en bercer ; et ce phénomène, amplifié par les masses des générations successives étant concernées, serait donc un effet de levier redoutable pour renforcer d’autant plus l’engouement observé ces dernières années à l’échelle mondiale et non pas seulement française..

Chercher ailleurs la raison du retour sur le devant de la scène des musiques des années 2000, c’est à dire, chercher parmi un public autre, comme par exemple les générations qui sont venues ensuite, est proprement inutile, car les chiffres et les enquêtes sur le sujets (peu nombreuses mais qui ont tout de même le mérite d’exister…) sont « On ne peut plus claires… » : l’intérêt des personnes nées après 2010 ou autour de 2015 pour la musique des années 2000 est tout simplement marginal.

Cela n’a d’ailleurs strictement rien d’étonnant, ni d’exceptionnel, puisque cela est observé à chaque génération…

En conclusion :

Si les études concernant le sujet n’existent qu’en très petit nombre (car elles sont compliquées à réaliser de manière totalement objective…), nous pouvons néanmoins l’assurer de façon péremptoire, la résurgence de la scène musicale des années 2000 est due aux générations qui les ont vécues dans leur chair, dans leur cœur, car très peu de très jeunes adultes, d’adolescents, ou même d’enfants, font l’effort d’aller puiser à l’aveugle et d’eux-même, dans ce répertoire qui leur est méconnu… Cela n’est pas un phénomène rare, c’est même extrêmement classique, puisque de tout temps cela a été le cas.

Mais pour compléter ce premier élément de réponse, et comme nous l’avons également démontré au cours de notre article, l’époque que nous vivons, bardée de toutes les contraintes qu’elle nous impose à tous les niveaux, ainsi que les tensions qui assaillent notre société, tout cela représente encore d’autres facteurs à prendre en compte pour expliquer ce phénomène de retour en arrière vers ces artistes des années 2000.

Ces derniers peuvent être considérés un peu à la manière de la toile de fond d’une époque durant laquelle nous, individuellement autant que collectivement, nous sentions ‘au-dessus de tout’ et ‘parfaitement invincibles’… Un temps certes révolu, sans doute perdu à jamais, que certaines notes posées sur une partition, certains timbres de voix, certains riffs de guitares ou lignes de basses, et certaines mélodies profondes ou entêtantes, ont le pouvoir de nous faire ressentir un instant, à nouveau… C’est alors un instant qui s’inscrit dans une forme d’éternité, par son intemporalité métaphysique, et cela n’a tout simplement pas de prix.

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