Un week end arty en occitanie.
Image d’ouverture : Lot Tourisme – C. Seguy
Osez sortir du lot : profitez du Lot hors saison. De Cahors à Carjac en passant par les Arques et Saint Cirq Lapopie, découvrez une symphonie de pierres, d’ocre, de vert, et d’art contemporain entrecoupée de pauses Bien-Etre et gourmandes.
Coluche, Françoise Sagan, Georges Pompidou, André Breton, ou encore Ossip Zadkine…
Si le Lot a de tout temps attiré artistes et mécènes, il s’oppose de toute sa rigueur de pierre et sagesse paysanne au glamour chromé des sites touristiques français. Ici contrairement à Saint Tropez, les people cultivent la discrétion. Ils sont venus, ils sont restés dans les filets de ce département de Midi Pyrénées qui maille Histoire, culture et Nature. Partout où s’exerce la courbure du temps, le passé se mêle au présent.
A une demie heure de Cahors, capitale miniature du département, classée ville d’art et d’histoire, le petit village des Arques, peuplé de 30 âmes hors saison repose dans le silence. Le sculpteur Zadkine, l’un des sculpteurs majeurs du XXè siècle, y avait élu domicile en 1934, en compagnie de sa femme peintre, Valentine Prax. C’est là, qu’il a créé ses plus grandes statues. Sur la place, cinq puissants bronzes accueillent les visiteurs, dont l’Arlequin hurlant, le Grand Messager, Les Lotophages, L’Arbre des Grâces et la grande prisonnière qui donnent le ton. Un musée, ouvert dans son ancien atelier rend hommage à cet amoureux de la nature qui excellait dans l’art de rendre l’humain végétal.
A l’intérieur, on traverse l’espace spacieux et lumineux où sont exposées Peintures, bronzes, sculptures en bois du pays, tout à l’émotion produite par l’un des plus grands post cubistes de son temps… Au sous- sol, on découvre ses œuvres aussi immenses qu’expressives comme cette diane aérienne taillée dans du peuplier polychrome et ses tapisseries. Zadkine gravait à même la masse des bois toujours morts, refusant de couper des végétaux pour son travail. Bien avant la tendance sylvestre, le sculpteur cultivait une relation charnelle avec les arbres que traduisent ses pièces maîtresses.
En face du musée, dans l’église romane que ce russe croyant, juif par son père, s’appliqua à faire restaurer, la crypte expose sa piéta polychrome,qui a gardé toute sa charge émotionnelle. Elle a été taillée dans une bille de bois d’orme. Au- dessus de la porte, on admire aussi son grand Christ en souffrance, un dépôt du Centre Pompidou.
Après sa mort (1967) quand sa femme a voulu léguer son œuvre, le département n’a pas saisi l’occasion. Il n’a pas compris la dimension de celui qui avait participé à la Biennale de Venise en 1932, côtoyé Chagall, Soutine, Braque et s‘était lié d’amitié avec Modigliani. Valentine Prax a alors donné une partie des œuvres à la ville de Paris en échange de la conversion de l’atelier d’Assas en musée. Le Lot n’ aura le sien qu’en 1988. Quant à son fils adultérin que Zadkine a eu à 70 ans avec une modèle danoise, il n’aura rien. Son père qui l’ a pourtant choyé, ne l’a jamais officiellement reconnu. Depuis seulement un an, une rue du village porte le nom de cet artiste complet qui fut aussi peintre, poète et musicien. L’ancien presbytère du village a été converti en résidence d’artistes qui séjournent de mars à juin et dont les œuvres contemporaines sont à découvrir dans les bois à la belle saison.
Quelques tours de roues dans une symphonie de vert, d’ocre et de lumière et voici Saint Cirq Lapopie, où « les rochers, et les toitures semblent voler comme des papillons. »
Classé premier Village de France, » cette pépinière d’artistes fut transformée en capitale du surréalisme, par André Breton ;
« C’est au terme de la promenade en voiture qui consacrait, en juin 1950, l’ouverture de la première route mondiale, seule route de l’espoir, que Saint Cirq embrasée aux feux de Bengale, m’est apparue, comme une rose impossible dans la nuit.
Cela dû tenir du coup de foudre si je songe que le matin suivant je revenais avec l’intention de me poser au cœur de cette fleur. Elle avait cessé de flamber, mais restait intacte. Par delà bien d’autres sites d’Amérique, d’Europe, Saint Cirq a disposé sur moi du seul enchantement : celui qui fixe à tout jamais. J’ai cessé de me désirer ailleurs. » Tout est dit, le surréaliste passera ses 15 derniers étés dans sa maison à flanc de falaise, entraînant dans son sillage d’autres vedettes comme Man Ray et des peintres comme Henri Martin et Pierre Daura.
Ultime étape ; Cajarc, petit village blotti au bord du Lot où est née et enterrée à 3 km Françoise Sagan. Elle disait qu’elle ne voulait pas voir pollué par le monde « ce pays magique et secret » ….
Pour elle c’était avant tout le pays de son enfance où elle se ressourçait : « Ce pays n’a pas changé. J’y retrouve une enfance exemplaire qui introduit dans ma vie une sorte de temps au ralenti, un temps sans cassure, sans brisure et sans bruit ».
« Les Causses, pour moi, c’est l’extraordinaire tranquillité
Un bonheur que le couple Pompidou partagera à chaque séjour dans sa résidence secondaire après son coup de foudre pour cette région présentée par la sœur de Françoise Sagan. Un bonheur que retrouve aussi chaque été Denis Westhoff, le fils de la célèbre romancière qui vient d’achever un manuscrit inédit de sa mère…
Pratique