« Les vrais bonheurs », de Christian Signol
Texte : Anne Cognac, photo de présentation : Christine Jonemann
« J’ai toujours pensé que la beauté du monde était destinée à nous faire oublier la brièveté tragique de nos vies. Peut-être un cadeau de Dieu, s’Il existe, comme je l’espère.
Mais nous n’en sommes pas conscients, hélas ! Non seulement nous infligeons à la terre qui nous porte les pires blessures, mais nous ne savons plus voir à quel point elle est belle. Et pourtant le monde vit. Auprès de nous. Sans nous ou avec nous. Regardez-le ! Écoutez-le ! Il est source de bonheur… »
Lorsque le lecteur referme ce livre après s’être plongé avec délectation dans cette fontaine de Beauté, il en sort émerveillé, enrichi, plus humain et plus tourné vers Dieu. Arriver à la fin de ce livre fin, émouvant, est une douleur. Cet hymne à la nature réelle est souvent bouleversant. « …J’ai beaucoup aimé Sète et le Mont saint Clair, le cimetière marin où la tombe de Valéry côtoie celle de Brassens. Là-haut, sous un ciel si bleu qu’il en paraissait blanc, je me répétais ces vers qui m’ont hanté longtemps : « Ce toit tranquille, où marchent les colombes, entre les pins palpite, entre les tombes ».
Les cyprès et les pins murmuraient dans un vent d’une grande douceur.
… Et d’un coup, à la lisère de ces bois, s’ouvrait une immensité rebelle et violente, dont les vagues battaient furieusement la plage à perte de vue. J’aimais m’y rendre le soir, j’y restais jusqu’à la tombée de la nuit. Le ciel et l’océan en faisaient qu’un, il n’y avait personne à l’horizon du sable, et je sentais que se livrait là un combat à la mesure de l’univers. Des forces brutes s’affrontaient en ce lieu désert, et les rares hommes retrouvaient leur vraie dimension. La nuit tombait sur les flots en colère qui s’acharnaient en vain sur la terre, à peine retenus par le ciel ensanglanté de ce combat farouche. J’y assistais jusqu’au moment où s’allumaient les premières étoiles, témoins apeurés de cet affrontement titanesque ».
Ce bouquet de courts chapitres, une trentaine, sur l’eau et le feu, les parfums et les champs, les étoiles et la mer,… et tous ces aspects universels de l’infinie Beauté du monde, conduit l’auteur, et le lecteur à sa suite, sur le sentier de l’Éternité.
Chacun est une pépite de joie qui appelle la suivante. Enracinement dans la terre des Causses, bonheur imprenable offert par des lieux arpentés que l’on connaît « par coeur », indéracinable Espérance au plus profond de l’aube, des paysages enneigés, des îles et des montagnes de notre France.
Rien de mièvre, de niais, de faux sentimentalisme à la mode. Ce délicieux ouvrage est à l’opposé d’un écologisme hors sol, froid et désincarné. Il est ancré dans le réel, avec tout ce que cela suppose de tragique, de souffrance et de malheur, il révèle la magnifique solidité de celui qui a su découvrir dans la nature les innombrables présents que Dieu nous donne, en un exquis mystère. « … Il faut bien avouer que les étoiles ont perdu un peu de leur mystère depuis que l’homme a posé le pied sur la lune. Je m’en console en me disant que nombreuses sont celles que nous ne verrons jamais depuis la terre, et encore plus nombreuses, sans doute, celles que nous n’imaginerons jamais. Sauf, peut-être, après notre mort, quand notre esprit voyageant à la vitesse de la lumière s’en ira là où il est attendu, c’est-à-dire à l’endroit d’où il vient.
Les hommes ont besoin de ce genre de consolation. Dérisoires, je le sais, comme leur vie. Mais j’ai la sensation parfois, en juin, en voyageant par le regard, là-haut, dans le ciel, que la vérité est encore plus belle que tout ce que les hommes, depuis le début des temps, ont été capables de concevoir ».
Aucun ton moralisateur, rien de revêche ou de répulsif. Lisez « le ciel », vous vous y sentirez en communion parfaite avec l’auteur, vous vous réjouirez et vous aurez acquis un éclat de bonheur que vous n’oublierez pas. Il vous illuminera. « Quelques côtes de Bretagne conservent cette sauvagerie primitive. Non pas celles qui, chaque été, reçoivent les touristes, mais celles, difficilement accessibles, qui s’ouvrent sur des falaises à pic, au bout d’un chemin mal tracé. Alors, en s’approchant, on peut assister au combat entre les flots et les rochers qui résistent depuis longtemps. On devine dans l’écume bouillonnante quelque chose de cosmique qui a commencé bien avant nous et qui ne s’achèvera peut-être jamais ».
Dans ces temps de ténèbres qui sont les nôtres, poser un regard de lumière et de beauté sur notre monde devient vital.
Voilà ce que nous raconte ce merveilleux petit livre qui donne envie de l’offrir à tous ceux que l’on aime vraiment !
Anne Cognac
Livre de Poche, 6 € 90
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