Premières pour toujours
Image de présentation : Joséphine Cornut-Danjou et Emma Cornelis remportent les Régates/JeanMiPhotographies
Alors que les rameurs et rameuses olympiques sont en compétition sur le bassin nautique olympique de Vaires-sur-Marne, Emma Cornelis et Joséphine Cornut-Danjou ont marqué l’histoire de l’aviron français au terme d’un projet mis en place avec succès par Yvan Deslavière, leur entraîneur en équipe de France d’aviron.
Victorieuses de l’épreuve du deux sans barreuse lors des prestigieuses Régates Royales de Henley, les deux rameuses se souviendront toute leur vie de cette aventure unique. Leurs yeux pétillent encore…
La régate de qualification olympique a rendu son verdict : Emma Cornelis et Joséphine Cornut-Danjou engagées en deux sans barreuse n’ont pas réussi à décrocher leur billet pour les JO de Paris. Mais qu’à cela ne tienne puisque le 21 mai à peine la régate sur le plan d’eau magique du Rotsee à Lucerne, Yvan Deslavière, leur coach, leur propose un sacré challenge : disputer les Régates Royales de Henley. Ni une, ni deux, voilà le trio embarqué vers une nouvelle aventure. Et quelle aventure !
C’est reparti…
Histoire de cadrer le décor, il faut savoir que si tous les footballeurs espèrent fouler la pelouse du Maracana au Brésil, que si les rugbymen parlent de cathédrale avec le temple de Twickenham, et bien les rameurs rêvent tous de poser leurs pelles sur la Tamise à Henley, à l’ouest de Londres.
Pour Yvan Deslavière « il n’était pas question de terminer la saison sur une non qualification » et lorsque que l’on connaît la hargne qui anime cet entraîneur, vainqueur à deux reprises de cette mythique régate (en 1998 et en 2022, respectivement en deux et quatre de couple), il a tout mis en œuvre pour que ce rêve devienne réalité pour ces deux rameuses.
Chacun met la main à la poche pour ce projet qui n’était pas initialement une action fédérale, et avec l’aide de Jürgen Grobler, consultant exécutif de la haute performance à la FFA et qui fut ‘’head coach’’ au Leander Club, dont le directeur n’est autre que Sir Steven Redgrave, médaillé d’or sur cinq olympiades consécutives entre 1984 et 2000, tous les clignotants sont au vert.
Des souvenirs à la pelle
Contrairement aux régates qui se courent sur 2 000 mètres en ligne droite avec six équipages de front, là, sur la Tamise, deux bateaux sont alignés au départ et doivent parcourir 1 mile 550 yards, soit 2 112 mètres, dans des conditions particulières. En effet, les bateaux sont nombreux le long du parcours car c’est l’occasion pour les Anglais de festoyer en chantant. Il faut que vous sachiez que cette régate, la plus ancienne au monde, est un des temps forts du calendrier sportif estival, mais aussi mondain dans ce pays.
D’ailleurs, nombreux sont les Britanniques à venir pique-niquer avec leur plus belle argenterie au pied de leur superbe limousine dans les parcs qui bordent la Tamise… A cela vous ajoutez les vagues et vous comprendrez qu’il faut une bonne dose de concentration pour s’imposer.
Une fois dans l’ambiance, Joséphine Cornut-Danjou, à la nage du bateau, et Emma Cornelis, assise juste derrière, ont adopté à la lettre les consignes d’Yvan Deslavière. « L’important, souligne leur entraîneur, c’est qu’elles appliquent ce qu’elles maîtrisent, à savoir un départ rapide pour ensuite décaler leurs adversaires et gérer le tracé du parcours ».
De jour en jour, les Françaises se bonifient. Les tricolores passent le quart sans encombre en dominant les Anglaises, puis la demie finale face aux tenaces australiennes.
Un bon départ, c’est la clé du succès
Vient alors l’heure de la finale dimanche 7 juillet 2024 en fin de matinée. Emma et Joséphine ont en face d’elles les Canadiennes qui ne sont pas les premières venues. Yvan, qui a le privilège d’être dans le bateau arbitre juste derrière ses deux rameuses, analyse : « grâce à un bon départ, Emma et Joséphine ont toujours été devant. J’ai bien vu au fil de la course qu’elles prenaient confiance et ont brillamment réussi à contenir les Canadiennes ».
Avec une longueur ¾ d’avance sur la ligne d’arrivée,Emma, 25 ans de la SN Nancy, et Joséphine, 23 ans de l’Aviron Saint-quentinois, sont les premières rameuses françaises en équipage de pointe à remporter les Régates Royales de Henley. Elles inscrivent ainsi leur nom sur ‘’The Hambleden Pairs Challenge Cup’’ et entrent par la grande porte dans l’histoire de l’aviron français puisque c’est le premier équipage féminin français en pointe.
Un rêve éveillé
Si sur la ligne d’arrivée c’est inévitablement l’explosion de joie, ce sont tous les instants qui vont suivre qui resteront à jamais dans leurs mémoires. Emma et Joséphine sont saluées par des milliers de personnes et honorées comme il se doit lorsqu’elles arrivent dans la tribune officielle pour la remise du trophée par un parterre de personnalités, notamment Son altesse sérénissime le Prince Albert II de Monaco et l’incontournable et emblématique Sir Steven Redgrave et son acolyte de toujours Matthew Pinsent.
« Depuis que nous sommes arrivés ici à Henley, témoigne Yvan Deslavière, nous vivons tous les jours des moments fantastiques. Et là, avec la victoire, je peux vous garantir que les filles ont vécu un rêve éveillé, et moi aussi… ».
Emma Cornelis et Joséphine Cornut-Danjou terminent leur saison de toute beauté et se projettent désormais vers les JO de Los Angeles en 2008 avec une envie décuplée.