Visites culturelles en Guadeloupe 

La Guadeloupe est connue internationalement pour ses plages idylliques et ses eaux cristallines, sans oublier ses superbes randonnées en montagne. Mais la Guadeloupe c’est aussi une offre culturelle et historique importante et variée. Nous avons eu la chance d’être invité dans cette belle île d’Outre-mer par la direction des affaires culturelles de Guadeloupe dans le cadre des rencontres tourisme et culture. Nous partons à la rencontre de sites, de musées, de forteresses mais aussi et toujours à la rencontre des habitants fiers de leur île. 

La ville du Moule et sa côte aux couleurs chatoyantes 

Direction la Pointe des Châteaux et la ville du Moule. Nous profitons de notre arrêt paradisiaque à la plage de Bois-Jolan pour nous baigner dans une eau translucide et chaude. Trop chaude par ailleurs pour les coraux qui cette année ont par endroits blanchi à cause de la température anormalement élevée de l’eau. La Pointe des Châteaux est toujours aussi sauvage. Montez jusqu’à la croix afin d’avoir un beau point de vue. A l’est de Grande-Terre se trouve la petite ville charmante Le Moule.

Il fait bon déambuler sur la place principale avec son hôtel de ville de couleur verte et jaune, son église et ses belles maisons blanches. En bord de mer, on y trouve encore deux batteries qui protégeaient à l’époque l’anse des raids ennemis. En effet le port du Moule était au 18ème siècle le plus important port de Guadeloupe donnant sur l’Atlantique. On peut déplorer que le site de la petite batterie ne soit pas plus mis en valeur. Je pense notamment à un canon enseveli sous l’herbe. Le site de l’ancienne batterie du Fort est par contre bien mis en valeur avec ses canons en bronze, sa poudrière, ses ancres. Quelques reste de remparts en moellon calcaire subissent les assauts des vagues. Les cocotiers nous prouvent que nous sommes bien sous les tropiques. 

La Maison Zévallos 

A proximité, ne ratez pas la Porte d’Enfer et surtout le site de la Maison Zévallos.  Notre visite nocturne de la maison a coïncidé avec le festival Elektronik Groove qui se tenait sur les terres attenantes de l’ancienne sucrerie. Construite par le comte Hector de Zévallos à la fin du XIXe siècle, cette maison coloniale a une histoire mouvementée. Elle fût amenée en pièce détachée par bateau et a une sœur jumelle, le musée Saint-John-Perse à Pointe-à-Pitre. Parfaitement restaurée, elle a été classée monument historique en 1990.

Son architecture métallique laisse penser qu’elle serait passée entre les mains de l’atelier de Gustave Eiffel. De nombreux indiens sont venus en Guadeloupe et ont notamment travaillé dans cette plantation. C’est d’ailleurs un de leurs descendants qui est aujourd’hui propriétaire . Pour la petite histoire ses grands-parents avaient travaillé une grande partie de leur vie dans cette plantation. On l’a dit hantée ; les 27 propriétaires se sont soit enfuis ou sont morts de façon étrange. 

Pointe-à-Pitre 

Surnommée la petite Louisiane, la ville tente de rénover ses belles demeures. On ne peut cependant que regretter l’état d’abandon générale de la ville. Il n’en reste pas moins que certains sites valent le détour. En front de mer le centre d’interprétation, le Mémorial Acte, avec son architecture moderne et réussie invite le visiteur à se plonger dans l’histoire de la Guadeloupe.

Avec une scénographie ludique, l’exposition interactive retrace, sur 1700 m2, l’histoire des Antilles avec Christophe Colomb, la piraterie, l’esclavage avec notamment le commerce triangulaire et la vie dans les plantations sucrières. Plus de 500 objets patrimoniaux y sont exposés. La seconde partie est consacrée au combat contre l’esclavage et à l’émancipation du peuple noir. Un autre espace de 700 m2 est dédié aux expositions temporaires. Le centre se veut un lieu d’histoire tourné vers l’avenir. Il nous semble que quelques passages peuvent être clivant et aurait pu être évités.  

Le musée Saint-John-Perse, classé monument historique depuis 1987 abrite une exposition permanente consacrée au poète éponyme. L’architecture de style Louisiane est originale. Amené en kit par bateau, la structure a été acheté aux enchères par la société Darboussier. Il faut en fait parler de deux structures, l’autre étant la Maison Zévallos. Un autre musée intéressant le Musarth musée d’art et d’histoire, anciennement musée Victor-Schoelcher, qui était l’initiateur du décret de l’abolition de l’esclavage en 1848, offre aux visiteurs les collections données par Victor-Schoelcher. Celui-ci est maintenant décrié dans les Antilles. Deux statues le représentant ont été détruites en Martinique en 2020 et le changement de nom du musée est la suite logique de ces évènements… 

Le marché Saint-Antoine avec ses couleurs chatoyantes met en valeur cette très belle halle métallique. Les touristes s’y pressent. On regrettera le prix parfois excessif de certaines épices. Fatigués de marcher nous partons à la découverte du street art en touk-touk.  Ludique et amusante, cette balade noue emmènent dans des lieux originaux. Le festival Gwadamorphose avec notamment l’artiste SKEM s’est tenu en plein centre de Pointe-à-Pitre. On a réellement l’impression que les œuvres des artistes sont réels. Un très beau travail.

Après l’effort le réconfort, une halte salutaire avant de rentrer à l’hôtel pour déguster des bières artisanales dans la brasserie Lekouz en plein air ou à l’intérieur. Le cadre est atypique avec les façades peintes en style street art par des artistes connus que sont Yeswoo, Pacman, Bruno Métura et bien d’autres. Les cuves de brassage jouxtent le bar et apportent un charme supplémentaire au lieu. Des ateliers de peinture avec des artistes locaux permettent aux nouveaux-venus de se perfectionner avec la peinture guadeloupéenne.  

Notre hôtel Arawak, du nom des premiers autochtones,  au Gosier, se situe dans la ligne droite de la thématique du voyage. En effet non seulement de nombreuses œuvres d’art ornent les murs et couloirs de l’hôtel mais une immense fresque peinte sur la totalité de la façade mettant à l’honneur la culture amérindienne a été inaugurée le jeudi 14 décembre 2023. 

L’imposant fort Delgrès 

La Guadeloupe offre aux visiteurs un patrimoine architectural important, notamment avec plusieurs forts militaires comme le fort Napoléon et le fort Delgrès. Ils font partie d’un parcours patrimonial qui présente une sélection de sites historiques qui peuvent être liés à la mémoire de l’esclavage. Cet imposant complexe militaire du 17ème siècle défendait une partie de la Basse-Terre des invasions britanniques. Il faut monter au sommet de la forteresse afin d’avoir le plus beau panorama. Le cadre naturel autour du fort est de toute beauté.

En arrière-plan on voit bien la Soufrière, à condition que le temps soit clair, ce qui a été notre cas. Il prend son nom de Louis Delgrès qui le 5 janvier 1802 destitue les fonctionnaires blancs et prend le commandement de la place de Basse-Terre. Il doit quitter le fort le 22 mai sous la pression des troupes consulaires envoyées de France afin de rétablir l’ordre et l’esclavage. Une semaine plus tard, acculé avec ses 300 compagnons à Matouba, au pied de la Soufrière, il se fait sauter à l’explosif avec tous ses hommes. Il devient ainsi un des héros guadeloupéens ayant combattu l’esclavage. 

Notre coup de cœur : le village de Deshais 

Notre coup de cœur va sans doute au petit village de Deshais. Sa petite baie, sa plage étroite et les quelques restaurants en bord de mer bien colorés donnent une impression de bien être, d’apaisement et de sécurité. Les collines entourant la baie ajoutent un charme certain au bourg. Et pourtant c’est dans ce petit bourg qu’est tourné chaque année depuis 13 ans la série Meurtres au Paradis, Death in Paradise, série franco-britannique au succès mondial. La production nous a ouvert le poste de police où nous avons passé quelques minutes dans les cellules. La chargé de production nous a ensuite fait visiter ou montrer les principaux lieux de tournage à proximité. Pour les aficionados de la série, le tournage de la prochaine  saison commencera au mois de mars 2024. 

Parlons musique 

Du 17 au 24 novembre a eu lieu le premier festival de musique classique dans les Caraïbes. Le Festival International de Musique Saint-Georges a été créé en hommage à Joseph BOLOGNE (1745-1799), Chevalier de Saint-Georges, grande figure historique souvent méconnue, qui fut un musicien influent, l’un des plus grand escrimeur de son temps en Europe et un général de la Révolution française. Nous assistons à un concert classique de nuit dans l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Avec sa façade néoclassique jaune et son superbe autel en marbre de Carrare, on ne peut la rater. 

Le carnaval est un moment important dans la vie des guadeloupéens. De nombreux groupes, certains ayant plusieurs centaines de membres, s’y préparent toute l’année. Nous avons rencontré le groupe VIM, l’un des plus importants, pendant la journée de réinscription des membres. Danseurs, musiciens se donnent à cœur joie. L’ambiance festive nous donne un avant-goût de ce que sera le carnaval. 

Venir en Guadeloupe sans parler du Rhum serait une hérésie… 

Passage obligé, mais loin d’être désagréable, quand on vient en Guadeloupe, visiter une rhumerie/distillerie. Le cadre est enchanteur. Les cocotiers se détachent dans le ciel azur. Les champs de canne à sucre s’étendent à l’infini et donnent l’impression de tomber dans la mer. La maison Longueteau, fondée en 1895, nous accueille. Nous découvrons toutes les étapes de fabrication du Rhum puis vient l’inévitable dégustation des différents rhums. A consommer bien sûr avec modération. 

Nous continuerons notre dégustation sur le bar du premier rooftop à Pointe-à-Pitre, la Maison Victoire. Groupe guadeloupéen engagé dans la préservation du patrimoine, c’est au cœur de Pointe-à-Pitre que ce dernier a choisi d’implanter son premier projet hôtelier : la Maison Victoire. Il s’agit de redynamiser le centre ville de Pointe-à-Pitre en renforçant son attractivité et en favorisant la mise en valeur de son patrimoine architectural et culturel. La terrasse est agréable et permet d’avoirune belle vue sur la ville. 

Pendant ces quelques jours, nous avons découvert une offre culturelle et historique importante, diversifiée et souvent dans des cadres de toute beauté. Nous ne pouvons que conseiller à nos lecteurs d’alterner baignade et randonnée avec la découverte de ce patrimoine important. 

Guide pratique : 

Où dormir : hôtel Arawak, https://www.arawakbeachresort.com/ 

Comment y aller : de nombreuses compagnies aériennes proposent la destination. Corsair, Air France et Air Caraïbes sont les plus importantes. 

Guide : Simplissime Guadeloupe (Hachette), Guide du routard Guadeloupe, Guide Vert Guadeloupe

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