Gabrielle Lazure, Jean-Loup Horwitz… et un faux Chagall au Festival Off d’Avignon !

Photo de présentation : Gabrielle Lazure ©Céline Nieszawer

De Paris à New York, « Elia, généalogie d’un faussaire », explore les silences de l’Histoire, de la mémoire familiale et la puissance de l’art.

A travers l’histoire de la peinture du XXe siècle, nous suivons le destin d’Alain Laumonier. Enfant abandonné, il grandit comme il peut et devient faussaire. Emprisonné pour un faux Chagall, il lui écrit une lettre d’excuse qu’il signe d’un nom revenu de son enfance : Elia. A partir de là, sa vie vacille. Qui est-il ? Que vient chercher cette américaine dans son atelier ? La réponse sera sur la scène du Théâtre du Petit Chien lors du Festival Off d’Avignon du 5 au 26 juillet 2025.

Faussaire pour flouer un monde hypocrite

Ecrite et interprétée par Jean-Loup Horwitz, la pièce « Elia, Généalogie d’un Faussaire » nous parle d’un homme et d’une femme qui sont nés d’un même père. L’homme, Alain Laumonier ignore qu’il s’appelle Elia Rabinowitz. Il a été abandonné, enfant, sur un trottoir de la ville tandis que ses parents sont déportés vers les camps de la mort. Il ne sait pas que son père, survivant, Jakob Rabinowitz, l’aura cherché toute sa vie. Alors, il s’est construit dans la violence de vivre, sans père ni mère, dans la violence des orphelinats dont il fugue régulièrement. Il deviendra faussaire pour flouer un monde hypocrite qui lui a volé sa vie. Il tombera pour un Chagall exposé dans une galerie américaine. Laumonier ignore que son père, peintre lui aussi, était un ami de Marc Chagall…

Un parcours jalonné de faux-semblants

Comme nous l’explique Léonard Matton, son metteur en scène, il s’agit d’une pièce en « flashback », un double flashback, même : Alain/Elia nous plonge dans un parcours jalonné de faux-semblants qui s’étend des années 40 à la décennie 90. En parallèle, sa demi-soeur cadette – découvrons-nous – se filme en vidéos pour lui apprendre l’histoire de ses parents perdus. Deux récits enchâssés, dont la vidéo sera à la fois principe et moteur du spectacle. Non pour restituer le passé mais pour mieux raconter le présent.

Grâce à ce dispositif filmé, Evelyn apparaît « face caméra », face au public, en gros plan, pour donner les réponses qu’Alain/Elia a espérées dans sa jeunesse. Et la vérité peut surgir d’elle comme d’une minuscule poupée gigogne, depuis la chambre d’un hôtel d’un pays qui n’est pas le sien.

La profondeur de la résilience

La distribution joue sur cette juxtaposition du vrai et du faux : Alain/Elia se joue lui-même enfant, tel qu’il a été dans son souvenir.

Gabrielle Lazure, l’actrice qui interprète Evelyn, la demi-sœur d’Alain/Elia reste presque immobile face à une caméra. L’image captée par l’appareil est diffusée en direct, comme si le gros plan était la façon la plus franche de narrer une histoire. Toutefois, ce faisant, c’est en réalité Evelyn qui se raconte en filigrane, à travers son flux de pensées et les coups de téléphone avec son mari, Lucas, resté à Boston et qui l’attend urgemment pour un déjeuner de Thanksgiving. Le spectateur comprendra, à la fin, la profondeur de sa résilience.

Enfin, Magali Bros, la troisième actrice, qui interprète tous les autres rôles féminins de la vie d’Alain/Elia – apparaît comme si ses plus fortes émotions, en dehors de la peinture, avaient été cette figure féminine multiple qui le ballotte sans cesse. Tout cela participe à constituer peu à peu ce récit émouvant et joyeux de peintre faussaire.

5 questions à Gabrielle Lazure

Parlez-nous de votre rôle dans « Elia, Généalogie d’un Faussaire » ?

Je me glisse dans la peau d’Evelyn, la mystérieuse américaine, qui découvre l’existence de son frère quand son père, au seuil de la mort, la lui révèle. Elle savait juste que Jakob avait été déporté car il avait un tatouage sur l’avant-bras… Mais il n’avait jamais pu raconter son histoire.

Elle doit donc décrypter tous ces non-dits ?

Evelyn s’est construite avec les frayeurs et les non-dits de son père, qui étaient prédominants face à la fraîcheur et la joie de vivre de sa mère. La vie d’Evelyn a été presque gommée par cette souffrance… Elle s’est mariée mais n’a pas pu se résoudre à avoir un enfant. A travers l’histoire du faux Chagall, elle découvre une lettre qui va lever le voile sur ce mystère.

C’est ce qui va la pousser à rechercher Elia ?

C’est ainsi que Evelyn trouve la trace de ce frère inconnu. Elle décide d’aller à sa rencontre afin de lui restituer son père et son histoire.

Cette rencontre sera-t-elle positive ?

Le refus violent d’Elia rend le dialogue impossible et provoque deux récits parallèles, deux récits tendres, émouvants, parfois drôles, deux récits de vies égarées, celle d’un frère et celle d’une soeur que la parole libérée pourra peut-être enfin réunir.

Quels sont vos projets ?

Après avoir incarné Carmel Snow dans la série de Disney+ sur le créateur Cristobal Balenciaga, je continue actuellement la promotion de mon premier roman « A la recherche du plaisir perdu » et je vais jouer prochainement dans le long-métrage du réalisateur québécois Denis Côté. Mais pour l’instant, je suis très heureuse d’être Evelyn dans « Elia, Généalogie d’un faussaire » que nous avons eu la joie de présenter en avant-première fin juin à La Scène Parisienne, avant de nous retrouver du 5 au 26 juillet 2025 sur la scène du Théâtre du Petit Chien au Festival Off d’Avignon.

Infos pratiques

ELIA, GÉNÉALOGIE D’UN FAUSSAIRE

De Jean-Loup Horwitz

Mise en scène de Léonard Matton

Avec Gabrielle Lazure, Jean-Loup Horwitz, Magali Bros.

Festival d’Avignon

du 5 au 26 juillet 2025 à 15h35

Théâtre du Petit Chien 84000 Avignon

réservations : 07 62 12 04 17

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