Nicoletta : J’ai découvert le Gospel avant d’être chanteuse !
Photo de présentation : Nicoletta @Eric Fougère
Avec vingt-quatre albums et trois mille concerts à son actif, Nicoletta a touché des milliers de coeurs à travers le monde. Elle nous entraîne aujourd’hui dans un voyage musical unique qui séduit les spectateurs de toutes les générations.
Vous avez une triple actualité : L’intégrale en 16 CD pour vos 60 ans de carrière, mais aussi une nouvelle compilation de vos 50 plus belles chansons et vous vous apprêtez également à partir en tournée ?

Cette tournée débute le 2 novembre 2024 à Guilherand-Granges tout près de Valence et elle m’amènera jusqu’à Monaco en passant par Macon, Lyon, Roanne, Montluçon… j’y interpréterai mes plus belles chansons ainsi que les plus beaux Gospel.
Parmi les cinquante titres de votre compilation, si vous deviez en choisir trois, ce seraient lesquels ?
En 1966, « La Musique » fut en quelque sorte ma carte de visite. Cette chanson dépeignait toute ma jeunesse et mon art de vivre du moment : j’étais une fille de la nuit. J’assumais ma liberté et mes rébellions, raison pour laquelle j’étais appelée l’ « enfant terrible de la chanson française ». Mais je considère que « Il est mort le soleil » devient une chanson de référence qui reste la plus belle de ma carrière. J’éprouve aussi une certaine tendresse pour « Mamy Blue » sans oublier « A quoi sert de vivre libre » qui est une chanson rythmée pleine d’humour.
Après tant de succès, vous avez su vous renouveler tout au long de votre carrière. Quel est votre secret ?
Je suis une sélectionneuse et pas une collectionneuse. Je sais choisir et savourer les bons moments quand ils se présentent à moi. En 1983, Bernard Lavilliers m’a remis dans la lumière avec « Idées noires ». Puis en 2011, JoeyStarr a repris « Mamy Blue » et tout récemment le groupe Bon Entendeur a revisité « Fio Maravilla ». En vacances à Saint-Tropez, j’entendais cette chanson dans tous les restaurants de Tahiti Plage. C’est de la dynamite !

Que représente JoeyStarr pour vous ?
C’est un être généreux qui peut servir d’exemple aujourd’hui à des tas de gamins paumés en leur montrant le chemin. Je l’appelle mon Rimbaud et mon Rambo !
A quel moment avez-vous découvert le Gospel ?
Mon amour du Gospel remonte aux années 60. J’ai découvert cette musique avant d’être chanteuse grâce à l’histoire d’Elvis Presley, le seul blanc à bouger et chanter comme un artiste noir. Mais c’est surtout en écoutant la voix d’une très grande chanteuse noire américaine, Mahalia Jackson, que j’ai perçu toute l’ampleur de cette musique sacrée. J’ai décidé alors de bousculer ma carrière et de faire un virage à 180 degrés en réalisant un rêve que je nourrissais depuis bien longtemps : parcourir les routes de France avec une chorale de gospel.
C’était en 1995 avec The Gospel Voices ?
Comme je l’explique dans mon livre « Sister Soul », je suis alors partie en tournée avec The Gospel Voices pour présenter un récital mixte d’une heure et demie de chants dans les églises et les cathédrales de France. Le succès fut immédiat. Mais au bout de deux ans, notre tourneur a choisi de s’évanouir dans la nature en vidant tout son compte en banque. Devant mon désarroi, mon compagnon, Jean-Christophe, décida de devenir mon producteur. Ce qu’il fait avec talent depuis 1997.

Vous avez même reçu une belle récompense de la part de la Fédération française du Gospel ?
Cette aventure gospel se poursuit aujourd’hui, et pour rien au monde, je ne manquerais ces rendez-vous, même si je continue de donner des concerts dans les centres culturels ou des festivals, avec toutes ces chansons qui m’accompagnent depuis soixante ans. Je suis fière de constater qu’aujourd’hui des centaines de chorales de gospel tournent à travers la France. J’ai reçu effectivement, de la part de la Fédération française du gospel, une jolie statuette pour me remercier d’avoir promu cette culture à travers notre pays : je suis fière d’avoir été la chef de file de cette aventure culturelle.
Comment qualifieriez-vous le lien qui vous attache à votre public ?
Il est réciproque et vivifiant ! Je suis actuellement en tournée dans les églises et les cathédrales. Si aujourd’hui les églises se vident, moi je ne m’en rends pas compte puisque je les remplis lors de mes concerts ! Parfois, j’ai même l’impression d’être au confessionnal lorsque les gens se confient tout naturellement à moi ! Ceux qui viennent à mes concerts me donnent tellement de preuves de gentillesse que je me sens de plus en plus proche d’eux. J’avance en même temps que mon public et j’ai l’impression qu’il rajeunit avec moi. Je suis sensible au lien entre toutes les générations !
Lors de vos concerts dans les églises quelle part accordez-vous entre vos chansons et le Gospel ?
Dans les églises, je ne peux pas chanter « Ma vie c’est un manège », « Les volets clos » ou « A quoi sert de vivre libre ». Je laisse la place aux chansons d’amour universelles comme « Quand on a que l’amour », « Je ne vous aime plus » qui est une très belle chanson qui touche le coeur des gens, ou « Un homme » qui fait l’éloge de l’amour maternel. Puis, dès que j’arrive à « Mamy Blue », je présente mes choristes et j’enchaîne avec la version Gospel.

Vous qui chantez si bien l’amour, quelle est la recette pour le trouver et surtout le garder ?
Un couple cela se crée. Lorsque l’on a décidé vraiment de faire la route à deux, il faut savoir bien conduire avec une certaine créativité à tous les carrefours. Cela marche avec Jean-Christophe parce que je ne piétine pas son domaine et il ne piétine pas le mien. La fidélité peut s’instaurer à partir du moment où l’on a eu pas mal d’expériences avant. On a ensuite tous les ingrédients en main pour s’installer dans la durée.
Comment vivez-vous l’instant présent ?
Je suis positive et je regarde toujours devant moi. Il faut penser aux lendemains en vivant bien l’instant présent. C’est important de le savourer comme il le mérite ! Je sais que je suis quelqu’un de particulier. Je n’ai pas la même trajectoire que beaucoup de chanteuses de ma génération. J’ai osé faire des choses différentes, mais j’ai toujours été à l’aise dans mes choix, car ils correspondaient toujours à ce que je suis. Je me plante toujours dans le coeur de ceux qui croient à l’amour ! Nous les artistes, nous ne sommes pas qu’un produit. Nous sommes des matières humaines et si l’on sait respecter notre sensibilité, nous avons des torrents de tendresse à donner.

A Lire :
Soul Sister
Un magnifique ouvrage comprenant de nombreuses photos et documents souvent inédits dans lequel Nicoletta nous livre ses souvenirs de scène agrémentés de confidences plus intimes, aux éditions Le Cherche Midi.
A Ecouter :
Les 50 plus belles chansons
Une sélection en 3 CD des 50 plus beaux succès de Nicoletta, Label Panthéon.
L’intégrale
Un coffret de 16 CD contenant la totalité des titres que Nicoletta a enregistrés au cours de ses 60 ans de carrière, dont certaines faces B qui sont de petites perles, Label Panthéon.